Apparue en 2009, la web-série fut saluée par un Montreux Comedy Award bien mérité en 2010. Puis, après la saison 4, plus rien (du moins au niveau télévisuel), en dépit d’un succès consacré également par une diffusion en mode marathon sur France 4, ainsi que par 40 millions de vues cumulées en 2021 ! Pas mal, pour ce qui n’était initialement qu’une blague entre potes, qui reposait initialement sur un ressort humoristique très simple : le Visiteur du Futur vient dans le passé pour empêcher quelqu’un (généralement le personnage de Raph) de commettre un acte anodin (dans l’épisode 1, jeter une canette dans une poubelle), en lui montrant ensuite les conséquences aussi abracadabrantesques que catastrophiques de son acte, avec sa phrase devenue culte "voilà ce qu’il va se passer" !

Il aura donc fallu 10 ans pour que l’univers imaginé par François Descraques trouve enfin un prolongement sur grand écran. Un sacré défi pour la petite équipe à l’origine de la web-série, qu’on retrouve aux manettes de ce long-métrage. Mais un défi réussi ! Là où la web-série était souvent, dans la forme, caricaturale, excessive, surjouée, le film s’avère bien plus subtil, et maîtrisé de bout en bout. Ce n’était pas gagné d’avance, car la web-série était un format court, voire ultra-court avec quelques épisodes de deux à trois minutes seulement ! On a d’ailleurs pu voir récemment avec Kaamelott la difficulté que ce changement de format peut représenter, en termes de rythme notamment.

Si cette adaptation est réussie, elle le doit avant tout à son scénario. La SF nous a habitués à des paradoxes temporels plus ou moins complexes et de ce point de vue-là, Le Visiteur du Futur ne fait pas exception à la règle, tout en restant dans les limites de ce qui est communément admis en la matière, avec quelques innovations en la matière (sur la mémoire des événements ayant été modifiés notamment). Et de plus, le scénario ne comporte aucun pré-requis : le fan de la première heure y trouvera son bonheur tout autant que le novice découvrant les personnages et l’univers de François Descraques pour la première fois. Quant au contenu écolo du film, on ne pourra reprocher à l’auteur de suivre la mode du moment, car le propos était déjà le même il y a dix ans !

Côté casting, il faut saluer les performances d’Arnaud Ducret et d’Enya Baroux (la fille d’Olivier, le compère de Kad), tous deux très justes dans ce couple père-fille qui ne se comprend plus, et même s’oppose. Ce sont eux qui donnent au film une certaine épaisseur et une touche d’émotion bienvenue. Les plus jeunes seront sans doute heureux de voir les youtubeurs McFly et Carlito faire une apparition. Quant aux compères Florent Dorin, Raphael Descraques , Slimane-Baptiste Berhoun, Mathieu Poggi et Simon Astier, ils ont tous gagné en maturité et en talent, tout en gardant le petit côté décalé et un peu je-m’en-foutiste qui avait fait le succès de la web-série. Car en matière d’humour, le film n’a rien à envier à la série, comme le démontre l’hilarante première scène dans la centrale nucléaire, même si elle se termine par une catastrophe !

Mais le film n’est pas, comme on aurait pu le craindre, une suite de sketches. Il y a un temps pour tout : rigolade, action, émotion, suspense... et même des effets spéciaux, pas si ridicules que ça avec un budget d’environ 5 millions d’euros. Les scènes se déroulant en région parisienne post-apocalyptique, notamment, s’avèrent tout à fait réussies et crédibles.

Au final, voilà un Visiteur du Futur qui n’est ni plus ni moins qu’une comédie de SF de qualité qui s’impose, en ce mois de septembre, comme la bonne surprise de l’année, avec un bouche-à-oreille qui semble avoir bien fonctionné. De quoi, peut-être, espérer une suite ?

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