Avatar, ça commence aujourd’hui...
J’étais trop jeune à l’époque pour m’intéresser à cela, mais je serais curieux de lire aujourd’hui les critiques publiées à l’occasion de la sortie de Star Wars en 1977 ! Je me souviens en revanche très bien des commentaires concernant Independence Day... Et pas plus tard que le mois dernier, on a eu droit à un joli tir groupé concernant 2012. Pour ce qui est d’Avatar, toutefois, c’est un peu plus insidieux...
Les critiques sont un peu embarrassés vis à vis d’Avatar. Apparemment (je ne l’ai pas encore vu ...) le film est si spectaculaire, les effets spéciaux si bluffants que pas même eux ne peuvent prétendre s’être ennuyés ! On sent bien toutefois que ce n’est pas l’envie qui leur manque de descendre le film en flammes. Ca les démange.
C’est à chaque fois la même chose, à croire qu’il y a une forme de jalousie. Un film hollywoodien à très gros budget (Avatar établit un nouveau record en la matière) ne peut pas être recommandable ! Comme s’ils essayaient de rétablir une sorte de justice dont ils seraient à la fois les juges et les jurés, comme s’ils essayaient de compenser le manque de moyens du cinéma français (auquel, par définition, on compare le cinéma américain !)... Après tout, un spectateur qui n’ira pas voir Avatar ira peut être dépenser son argent pour voir un film français, sait-on jamais ?
Pendant 2h, 2h30, parfois plus, ils écarquillent donc les yeux à la recherche du moindre point faible dans le scénario, dans la réalisation, le jeu des acteurs, le message politique sous-jacent, j’en passe et des meilleures. C’est si bon de dénigrer le cinéma américain, c’est si bien vu, si politiqement correct...
Parfois, hélas, on a beau chercher, on ne trouve pas ! C’est un peu le cas, semble-t-il, avec Avatar. Alors sachant par ailleurs que le film passera quoi qu’ils puissent écrire la barre des 10 millions d’entrées (hypothèse basse ... rappelons que le Titanic du même Cameron avait passé celle des 20 millions), ils hésitent quand même à se ridiculiser. Et puis, traiter d’imbéciles 10 ou 15 millions de spectateurs, c’est toujours un peu délicat ...
Mais on sent bien que cela leur est difficile et même douloureux de dire du bien d’Avatar ! A de rares exceptions près si l’on met de côté la presse spécialisée dans ce genre de cinéma, ils font ce qu’ils peuvent pour mettre des bémols et éviter la ruée vers Avatar ! Le consensus semble s’être fait autour du "oui, mais ...".
Oui, c’est spectaculaire. Oui, c’est bluffant. Oui, c’est révolutionnaire. Oui, il y a une vraie histoire. Oui, on ne voit pas le temps passer. Oui, ça va faire un tabac. Et zut !
Mais... le scénario, c’est du déjà vu (c’est vrai que quand on brode pendant 1h30 sur un mari qui trompe sa femme ou l’inverse, c’est nouveau dans le cinéma français). Mais ... il y a au moins un heure de scènes de batailles et combats divers. On aurait préféré un heure de débats philosophiques, sans doute ? Mais il y a une histoire d’amour et un message de paix et de tolérance... c’est presque trop de bons sentiments, venant des américains, c’est louche !
Quelle hypocrisie...
Et la palme du commentaire le plus stupide va à ceux qui dénigrent le budget du film, qui serait selon eux indécent en ces temps de crise et de développement durable, oubliant qu’il en rapportera bien davantage, qu’il a créé des emplois et va permettre à des dizaines de millions de spectateurs, dans le monde entier, d’oublier précisément pendant 2h30 la tristesse du quotidien qui les attend à la sortie de la salle... Et pourquoi pas un bilan carbone, pendant qu’on y est ?
Il y a un truc qu’on n’a pas encore compris en France, c’est que nous, nous cherchons avant tout à raconter des histoires au travers de nos films. Et depuis le temps, évidemment, on a un peu tout épuisé alors on recherche la complexité, la sophistication, l’originalité, un angle un peu différent... Le cinéma américain n’est pas dans cette logique là. Chez eux, le cinéma c’est de "l’entertainment", du divertissement. Ils ont une approche plus visuelle. L’humour, chez eux, ça a longtemps été des types qui se mettaient des baffes à répétition... Ils veulent de belles images, et comme eux aussi ont épuisé le sujet (ah, les beaux paysages du "far west" ...), ils se sont tournés depuis longtemps vers les effets spéciaux. Il faut que ce soit beau, spectaculaire, que ça déménage ! Les histoires, ils les cherchent davantage dans leur littérature, avec un style très simple et très direct ... un domaine où nous, nous privilégions souvent la forme au fond. Comme quoi nous ne sommes vraiment pas faits pour nous comprendre !
Est-ce une raison, année après année pour retrouver toujours les mêmes commentaires sur les mêmes genres de films ? Des critiques acerbes sur 2012, c’est encore plus prévisible que les impôts ! Est-ce que de temps en temps, on ne peut pas juste dire : bravo, allez le voir et emmenez vos enfants, vous en aurez pour votre argent et c’est l’occasion ou jamais de tester la nouvelle technologie 3D ?
Les fans de SF n’en demandent sans doute pas plus ...
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