Star Wars : de la SF ou de la fantasy ?
A la fin d’un film de la saga Star Wars, les yeux encore pleins d’étoiles, de vaisseaux spatiaux et de turbolasers, on prendrait pour un fou celui qui oserait prétendre que les films de George Lucas empruntent davantage à l’Heroic Fantasy à la façon du Seigneur des Anneaux qu’à la Science Fiction. Pourtant, si on prend la peine d’y réfléchir deux minutes, on s’aperçoit que Star Wars (surtout la première trilogie composé de Un Nouvel Espoir - L’Empire Contre Attaque - Le Retour du Jedi) reprend à son compte la quasi-totalité des codes du genre popularisé par Tolkien. Démonstration ...
Dans le Codex de Riva, David Eddings dressait la liste des 10 éléments indispensables selon lui à un bon roman de fantasy. Voyons ce que cela donne si on les transpose dans l’univers imaginé par George Lucas.
1) Le héros. Il est généralement jeune, un peu naïf, vit souvent dans un village un peu paumé et ne sait que peu de choses du monde extérieur (c’est le cas de Garion au début de la Belgariade de David Eddings). Vous avez reconnu Luke Skywalker, évidemment !
2) La Quête. I y en a toujours une et c’est le fil conducteur de l’histoire. Dans le Seigneur des Anneaux, celle de Frodon consistait à détruire l’anneau. Dans Star Wars, celle de Luke est de devenir un Jedi et de mettre un terme au règne de l’Empereur Palpatine. Mais c’est surtout le prétexte à un long voyage et à de nombreuses aventures qui vont permettre au héros (qui est "l’élu" mais est malheureusement le seul à ne pas le savoir !) de mûrir avant d’accomplir sa destinée...
3) L’objet magique : un anneau, un livre sacré, un joyau ou... une épée d’un genre un peu particulier. Certes, la sabre laser n’est pas magique au sens habituel du terme, mais seuls les Jedi semblent capables de s’en servir grace à la Force qui, elle, est une forme de magie ! Franchement, vous n’avez jamais trouvé ça bizarre, ces type vêtus comme des prêtres qui se battent avec une arme archaïque dans un univers où on trouve des lasers à tous les coins de rue ... ?
4) Le Magicien : il y a eu Merlin, Gandalf, Belgarath et bien d’autres... C’est généralement lui qui veille sur le héros, le forme et le guide dans sa quête, lui donne un coup de pouce si besoin est... Dans Star Wars, il n’y en pas un, mais deux : Obi-Wan Kenobi et bien entendu Yoda.
5) L’héroïne : Arwen était un peu "potiche" dans Le Seigneur des Anneaux, d’autres beaucoup plus actives dans d’autres romans, mais toutes sont indispensables, ne serait-ce que pour apporter une touche de féminité dans ces univers de brutes, ainsi qu’un peu de romantisme. Si Leia fait clairement partie de la seconde catégorie, le romantisme ne se situe toutefois pas là où on pouvait l’imaginer après avoir vu Un Nouvel Espoir, puisque c’est finalement Han qu’elle va choisir et non pas Luke. Et pour cause ...
6) Un méchant digne de ce nom : Sauron ou Torak ont pour ambition de dominer l’univers (rien que ça !) et sont totalement tournés vers le mal. Quant à Dark Vador, même si la fin de la saga nous révèle qu’il subsiste de la bonté en lui, il est régulièrement cité comme le méchant le plus marquant de l’histoire du cinéma... même si le véritable méchant de Star Wars se nomme Palpatine !
7) Les compagnons : ce n’est pas le moindre des éléments essentiels à une bonne saga d’Heroic Fantasy, même si on peut les considérer comme des seconds rôles. C’est la fameuse "communauté de l’anneau". Généralement, le héros les rencontre au fur et à mesure de sa qûête et chacun d’eux a en principe sa fonction : sage, guerrier, comique, troubadour, magicien, commerçant... Dans Star Wars, il s’appellent Obi-Wan, Han et Leia bien entendu, mais aussi D2R2 et C3PO, Yoda, Chewbacca, Lando.
8) Rois, reines, courtisans et bureaucrates : lls contribuent à densifier l’univers imaginé par l’auteur et facilitent la mise en place d’intrigues secondaires à base de complots et de trahisons. Star Wars n’en manque pas, surtout dans la seconde trilogie... mais rappelons que Leia est une princesse, que Tarkin est un Moff et Jabba l’équivalent d’un parrain de la mafia !
Les deux derniers éléments cités par David Eddings sont peu pertinents à l’égard de Star Wars. On ne peut pas vraiment parler de paganisme (qui est selon lui un élément fondamenta) pour Star Wars, puisqu’il n’est jamais question de dieu(x), ni au singulier ni au pluriel... et il n’y a guère de place dans les films pour s’intéresser aux affaires de coeur des compagnons du héros ...
En revanche, il en est peut être deux que l’auteur du Codex de Riva a oubliés et que je placerai donc en neuvième et dixième position, afin de faire un compte rond !
9) Créatures monstrueuses et merveilleuses : l’Heroic Fantasy en compte souvent un grand nombre, qu’on les nomme orques, trolls, gobelins ou elfes. La faune peut également compter quelques bizarreries, qu’il s’agissent de licornes ou de dragons. Dans Star Wars, ils sont remplacés des races d’extra-terrestres assez typiques, telles que les wookies ou les Hutt. Et pour ce qui est de la faune, Geoge Lucas nous a gâtés avec les rancors, les banthas, les mynocks et les Dewbacks .... sans oublier le fameux Sarlacc !
10) La Prophétie : elle est généralement à l’origine de la quête et prévoit généralement l’inéluctable victoire du mal, sauf si... Sauf si Luke, fils de Dark Vador caché dès sa naissance par Obi-Wan et Yoda qui avaient prévu que 20 ans après il deviendrait un puissant Jedi, parvient à vaincre l’empereur (et ils avaient même un plan B avec leia) !
Troublant, non ? Alors, vous en pensez quoi ? SF ou Heroic Fantasy ?
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