L’Extraordinaire Après-Vie d’Alice Osmont ou Les Aventure d’un Goubelin en pays de Broe
Lorsque Alice Osmont a "la stupide idée de mourir" à l’âge de 13 ans, il (c’est un garçon !) s’éveille à bord d’une barque, qui l’emmène vers sa nouvelle vie, ou plutôt après-vie. Il est bientôt accuellie par un elfe, qui lui remet une brochure de bienvenue à destination des nouveaux arrivants. Grâce à cette brochure, mais aussi à sa cousine Bélissende Serys et son ami Ercibald Abbot, Alice va découvrir ce nouvel univers, ses habitants, ses coutumes...
La première impression (dont on dit qu’elle est souvent la bonne) lorsqu’on découvre ce livre illustré, avant même de jeter un oeil au contenu, est d’avoir entre les mains un bel objet. Les Editions Charles Corlet ont bien fait les choses avec une superbe première de couverture, une reliure solide, un papier au grammage élevé et une impression de très grande qualité.
La seconde impression est celle laissée par les illustrations, la mise ne page, les couleurs. L’ensemble est sombre, très sombre et certains textes, notamment les notes d’Ercibal Abbot (qui constituent la composante encyclopédique de l’ouvrage), sont à la limite de la lisibilité. Mais visuellement, c’est superbe, avec un côté assez gothique qui évoque irrésistiblement Tim Burton et son Etrange Nöel de Monsieur Jack, ainsi que Beetlejuice (notamment pour le début du livre). Et la mise en page apporte quasiment une suprise à chaque nouvelle planche.
Venons-en aux textes maintenant. Bien écrits, parfois avec humour, ils foisonnent de détails dont le profane que je suis s’est souvent demandé s’ils sortaient de l’imagination de l’auteur ou s’ils avaient été empruntés à ces légendes nordiques et celtes dont H.M. Labraigt est si friande. Car il y a un véritable aspect encyclopédique dans ce livre illustré et on ne peut qu’imaginer les dizaines, les centaines d’heures de lectures et de recherches de l’auteur, pour arriver à un tel résultat. Mais où s’arrête l’encyclopédie et où commence l’imaginaire de l’écrivain, telle est la question qu’on finit par sa poser.
Ce côté encyclopédique est à la fois un point fort mais aussi un point faible de ce livre. Evidemment, tous les amateurs de fantastique ont entendu parler des elfes, des gobelins, des dames blanches et de quelques autres des créatures légendaires les plus connues. Mais qui connaît les létices, les fourolles, les milloraines ou les épouilleux ? Et tout cela s’avère fort passionnant... du moins jusqu’à un certain point. Car l’accumulation de toutes ces informations peut finir par s’avérer un peu fastidieuse...
Ce qui manque un peu, c’est un fil conducteur, une trame, une intrigue. Le livre démarrait pourtant fort bien, avec l’histoire d’Alice (référence à la fameuse héroïne de Lewis Carroll ?)... qui s’achève quelques pages plus tard, pour laisser la place au "catalogue" des créatures de l’après-vie. C’est dommage, car il y avait de quoi créer un véritable roman et peut être même plusieurs (il n’est d’ailleurs peut être pas trop tard) ! On peut d’autant plus le regrette qu’H.M. Labraigt ne manque ni de style ni d’humour, comme le démontre l’excellent chapitre sur le Pudebouc, ce jeu aux règles complètement sur-réalistes qui rappelera à certains les jeux improbables inventés par Perceval dans Kaamelott...
Et de style, ses dessins n’en manquent pas non plus ! Vous pouvez vous en faire une idée à partir des "cartes postales" ici présentes et fournies par l’auteur, mais dites vous bien qu’il ne s’agit que d’un faible aperçu de ce qui vous attend dans le livre.
Alors si vous connaissez quelqu’un qui aime les elfes, les trolls et les gobelins, voilà un beau cadeau, original et instructif, à lui faire !
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