En France, on aime bien les étiquettes ... et Jean Rollin a commis l’irréparable, à savoir s’adonner à un genre - le X - que la morale réprouve. Sous les pseudos de Michel Gentil et Robert Xavier, il signe la réalisation de films aux titres évocateurs tels que "Tout le monde il en a deux", "Pénétrations vicieuses" ou encore "Remplissez moi... trois trous". Et on en oublie malheureusement le reste de son oeuvre. Pourtant, il faut bien vivre... et les films X ont sans doute plus d’une fois rempli le réfrigérateur de Jean Rollin, alors que ses films fantastiques contribuaient surtout à le vider, hélas, le public de cette époque n’étant guère friand des séries B et Z...

Car Jean Rollin, c’est avant tout une filmographie fantastique impressionnante, au moins en nombre si ce n’est pas toujours par la qualité. Rollin faisait en effet partie de ces réalisateurs, à l’image d’Ed Wood ou de Roger Corman, qui éprouvent un besoin irrépressible de faire des films, quel qu’en soit le scénario, quel qu’en soit le budget, quel qu’en soit le casting.

Et de préférence des films de vampires (même s’il s’en séloigne parfois, avec des films comme Le Lac des Morts Vivants ou Fascination). Le Viol du Vampire, La Vampire Nue, Vierges et Vampires et plus récemment Les Deux Orphelines Vampires ne sont pas, en dépit de leurs titres racoleurs, des versions soft de films X utilisant les vampires comme prétexte scénaristique (c’est le cas, en revanche, du film Lèvres de Sang, également connu sous le titre de Suce Moi Vampire). Il s’agit bien de films fantastiques. Mais Rollin ayant une certaine habitude des scènes de nu (c’est le moins qu’on puisse dire...), il n’hésite jamais à en glisser quelques unes dans chacune de ses productions, ce qui lui permet par la même occasion d’affubler ses VHS de jaquettes aguicheuses !

Pour les amateurs du genre, c’est d’ailleurs l’occasion de retrouver des stars du porno (ou des actrices qui auraient bien aimé le devenir) dans des rôles un peu plus habillés et un peu plus "parlants"... Bien introduit (oui, je sais, c’est un peu facile !) dans le milieu, il fait tourner (vous avez vraiment l’esprit mal placé !) à plusieurs reprises Brigitte Lahaie, et donne leur chance à Claudine Beccarie... et plus récemment à Ovidie !

Alors si le coeur vous en dit... allez jeter un oeil à la chaîne Ciné FX - éventuellement chez une ou un ami(e) abonné(e) - qui passe en boucle depuis plusieurs années les films de Jean Rollin et découvrez ces films à l’ambiance si particulière, des années 60 et 70, où le surréalisme se mêlait parfois au fantastique et à l’érotisme.

Quant à nous, quelle que soit l’opinion que le grand public puisse avoir de ses films, on ne pouvait pas passer sous silence la disparition d’un réalisateur amoureux à ce point du fantastique...