Cabal (Nightbreed)

Aaron Boon rêve régulièrement de créatures monstrueuses qui habiteraient un monde souterrain appelé Midian. Inquiet, il finit par consulter un psychiatre, le docteur Decker. Alors qu’une série de meurtres se produit, il va se retrouver interné dans une clinique. Coupable idéal, il s’enfuit et finit par trouver le lieu de ses rêves : Midian existe bien ...
Comme on dit en marketing, Cabal est un film "segmentant". En d’autres termes (plus clairs !), il y a ceux qui aiment et ceux qui n’aiment pas, rares étant ceux que le film laisse indifférent. Alors nanar, ou chef d’oeuvre ?
Le jury du festival d’Avoriaz a rendu son verdict en 1991, en accordant au film son prix spécial. Mais on peut quand même se demander si cette récompense n’a pas été attribuée à Clive Barker et à David Cronenberg, plutôt qu’au film lui-même ...
Car il faut bien avouer que pour le grand public, Cabal n’est pas un film facile. La faute à qui ? Au réalisateur, bien entendu ! Et sans doute à un scénario un peu trop complexe, un peu trop abscons. Hellraiser avait eu le mérite d’être simple, aisément compréhensible pour le commun des mortels, même si la vision de l’enfer de Clive Barker était assez particulière... Il n’en va pas de même de la cité de Midian, de son dieu Baphomet et des créatures mortes-vivantes qui y vivent, plus ou moins immortelles. Et on se demande bien ce que vient faire ici le personnage de Decker, interprété par un David Cronenberg très peu inspîré qui, avec tout le respect qu’on lui doit, aurait mieux de rester de l’autre côté de la caméra, là où il est bien meilleur ! Heureusement, dans les scènes d’horreur, il est affublé d’un masque...
Pourtant, même en ne comprenant pas tout, on peut se laisser porter... Car le monde de Midian imaginé par Clive Barker est quand même assez fascinant et bénéficie de décors et de maquillages tout à fait remarquables. C’est une véritable cour des miracles souterraine, sombre, parfois gothique, où se cotoient des monstres tous différents les uns des autres, certains presque humains, d’autres plus du tout... et dont l’apparence souvent effrayante n’a pourtant rien à voir avec la caractère pacifique de la plupart d’entre eux. Car - et c’est sans doute l’aspect le plus intéressant du film de Clive barker - ce peuple de la nuit (traduction du titre anglais Nightbreed) finit par nous être symathique, comme s’il était le symbole de tous les marginaux, des faibles et des pauvres ... qui finiront d’ailleurs par être chassés hoprs de leur ville par les humains et leurs armes.
Ce message n’est toutefois pas si évident que cela car dans ce cas, que vient faire Baphomet - une des nombreuses représentations du diable - dans tout cela ? C’est là que le film de Clive Barker, qui nous montre en outre quelques scènes de sadomasochisme (décidément, cela semble être une obsession chez lui) perd de sa cohérence...
On retiendra donc la beauté et force de certaines images, la puissance de certaines scènes (notamment la bataille finale)... et on s’efforcera d’oublier les maladresses de réalisateur, la médiocrité des acteurs (Craig Sheffer dans le rôle du personnage principal n’est pas meilleur que Cronenberg, c’est dire...) et un scnéario un peu brouillon.
C’est dommage, car le même film, réalisé par Cronenberg sur la base du scénario de Clive Barker, avec un ou deux acteurs talentueux, ça aurait probablement eu une autre gueule !