Le Locataire (The Tenant)
Trelkovsky, jeune immigré polonais est un timide fonctionnaire dans le Paris des années 70. Il emménage dans un appartement situé dans un vieil immeuble, après que l’ancienne locataire se soit défenestrée.
Quand la réalité rejoint la fiction ou quand la raison se confond à la folie...
En filmant les scènes anodines du banal quotidien parisien d’un immigré polonais, Roman Polanski réalise un chef-d’œuvre d’une noirceur implacable, où la réalité se confond sans cesse avec la fiction.
Le spectateur vit et ressent tout ce que « subit » le vulnérable locataire, magnifiquement incarné par Polanski.
En ayant le sentiment terrible qu’il ne maitrise plus sa vie et son environnement, le Locataire va commencer, dès l’arrivée dans son nouvel appartement, une longue descente vers la solitude, la peur du rejet (voir même la xénophobie) qui se transformera en pure paranoïa puis folie.
Peu à peu, se sentant persécuté et agressé par la froideur et la dureté de ses voisins et collègues, dont les habitations claires et spacieuses contrastent tant avec son petit appartement sombre et insalubre, Trelkovsky se renferme sur lui-même et se réfugie dans son appartement où il perçoit les bruits de ses voisins qu’il regarde vivre par la fenêtre. Plus le locataire s’isole, plus les plans sont rapprochés pour accentuer un climat oppressant.
Où se situe la réalité ? Dans le regard apeuré du locataire ou dans celui, dur et assuré, des autres occupants ?
La perte de sa personnalité est-elle que Trelkovsky finit par s’identifier à l’ancienne locataire. Découvrant une robe laissée dans un placard, il se maquille et la porte en cachette, puis se met à observer le va-et-vient de la cour intérieure. Cette cour est un lieu étrange, où les voisins se rendent régulièrement occupant les toilettes en restant debout, figés pendant des heures sous le regard incrédule et terrifié du locataire caché derrière sa fenêtre. On est à la limite du fantastique, quand le locataire découvre une dent cachée dans le mur de sa chambre : scène particulièrement éprouvante pour les nerfs !
Polanski , en adaptant le roman de Roland Topor, Le Locataire chimérique, a très bien su représenter l’univers onirique du dessinateur-écrivain (oui, je sais, c’est un peu réducteur : Topor est bien plus encore ! A découvrir au plus vite pour les plus jeunes : La Planète sauvage ! Téléchat ? une initiation au surréalisme pour les petits). En combinant les obsessions récurrentes de Polanski : la délation, l’oppression, la maladie…, à l’imaginaire particulier de Topor, le Locataire fait basculer le spectateur dans un délire hallucinatoire éprouvant dont il est toujours difficile de se remettre, 33 ans plus tard !
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La musique du compositeur Philippe Sarde est étonnante : celui-ci utilisera un son nouveau à partir d’un instrument original, conçu spécialement pour le film : le glass-harmonica ou harmonica de verre. Les sonorités froides qui en découlent répondent parfaitement à l’atmosphère glacée et oppressante du Locataire.