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Utopique Atlantide

Adeline Neetesonne
lundi 27 juillet 2009
par Didier Giraud
popularité : 11%

On ne jauge pas de la même manière un roman destiné aux adultes et un roman destiné à la jeunesse. Toute la difficulté, avec le roman d’Adeline Neetesonne, est de le classer dans la bonne case. Il s’agit de Fantasy, certes. Mais un genre de Fantasy assez peu courant, par moments un peu trop légère pour s’adresser à un public adulte... et par moments un peu trop dure pour s’adresser à un public jeune. La question se pose avec d’autant plus d’acuité que rien, dans ce que l’auteur nous dévoile (que ce soit au dos du roman ou sur son site internet) ne permet de trancher ...

La jeune Karine, fille de deux parents un peu trop occupés par leurs vies professionnelles respectives, est une jeune fille très sérieuse. Trop sérieuse, sans doute, et très mûre pour son âge, elle mène une vie sans histoires... ou presque, car depuis peu, d’étranges rêves commencent à la perturber, des rêves qui semblent avoir une certaine influence sur la réalité, avec un certain Platon qui la supplie de venir le rejoindre pour sauver l’Atlantide. Jusqu’au jour où un accident ( ? ) va la plonger dans un profond coma. Dès lors, la voilà transportée dans une autre vie, dans un autre monde, dans des aventures qui vont l’amener loin, très loin, de sa petite vie tranquille désormais révolue.

Le roman d’Adeline Neetesonne s’inscrit dans la grande tradition de la Fantasy, avec une quête que va l’amener à rencontrer de nombreux personnages au cours d’un long voyage. Mais ce qui étonne, dans un premier temps, c’est la rapidité avec laquelle l’action se déroule. Le roman est d’ailleurs très court, si on le compare à ce qui se pratique généralement dans le genre : il n’est pas rare, s’agissant de Fantasy, d’avoir affaire à des textes de 500 ou 600 pages... qui ne sont généralement que des épisodes de sagas qui compte entre 5 et 10 romans, voire plus. Utopique Atlantide, avec ses 210 pages, se situe au même niveau que les romans de Michael Moorcock, le seul à faire exception dans ce domaine.

Karine et ses amis vont croiser au cours de leurs quêtes d’étranges créatures et d’étranges phénomènes... et certains de ses compagnons y trouveront d’ailleurs la mort. Mais curieusement, Adeline Neetesonne ne s’apesantit pas sur ces événements. La mort de Platon, puis d’autres personnages rencontrés par Karine au cours de son voyage sont expédiées en une demi-page. Il en va de même, d’ailleurs, de certaines scènes que d’autres auteurs n’auraient pas hésité faire durer durer sur 10 ou 20 pages, comme par exemple la découverte de la première Tour, expédiée en moins de 2 pages !

Il faut avouer que c’est assez perturbant pour le lecteur qui, à ce stade, se demande à quel public s’adresse le roman. Compte tenu de la pudeur que montre Adeline Neetesonne vis à vis de la violence (un élément généralement très présent dans ce genre de littérature) et le sexe, on serait tenté de penser qu’elle a écrit ce roman pour la jeunesse... une impression renforcée par le choix de ses personnages, en majorité des jeunes. D’un autre côté, elle n’hésite pas à faire mourir ses personnages (toujours avec beaucoup de pudeur, mais quand même...), parfois de manière assez curieuse et inattendue (le suicide de l’un d’entre eux, passé dans notre monde). Et son roman ne se termine pas bien au sens où on l’entend généralement s’agissant d’un ouvrage pour la jeunesse : les parents de Karine divorcent, celle-ci reste "coincée" en Atlantide, un des deux jeunes garçons passés dans notre monde se suicide, la seule "morale" dans tout cela semblant être qu’il faut savoir faire son deuil (pour la mère) et couper le cordon (pour la fille)...

Cette ambivalence est d’autant plus regrettable que la lecture d’Utopique Atlantide est franchement agréable et particulièrement aisée... (peut être un peu trop, d’ailleurs, ce qui contribue à donner cette impression de roman pour la jeunesse) ! Du coup, on est frustrés à certains moment de ne pas en savoir plus, d’autant qu’il y a dans le roman de vraies bonnes idées. Comme celle de garder le contact avec notre monde au travers de la mère de Karine qui s’obstine à veiller sa fille dans le coma, contres vents et marées (ce qui lui coûtera sa vie de couple) ... puis celle (encore mieux !) d’amener certains personnages du roman d’Atlantide vers notre monde. C’est rageant, car on se dit que l’auteur aurait pu aller plus loin. Personnellement, j’aurais adoré que la mère de Karine puisse suivre les aventures de sa fille plongée dans le coma (on y était presque, pourtant, par moments), par exemple au moyen d’un prototype inventé par un neurologue de l’hôpital ... Ou encore que certains personnages effectuent des aller et retours entre les deux mondes, ou vers d’autres réalités, d’autres "versions" de l’Atlantide, ce qui aurait ouvert d’intéressantes perspectives.

Mais soudain ...le roman se termine sans que l’on sache quoi que ce soit de ces fameuses tours rencontrées à diverses reprises au cours de la quête de Karine. Et ce n’est pas la seule question qui restera sans réponse (à moins qu’une suite soit prévue). On aurait aimé en savoir davantage sur l’histoire de cette Atlantide parallèle, ainsi que sur ces mondes parallèles d’ailleurs !

Lire Utopique Atlantide lorsqu’on aime la Fantasy revient un peu à regarder un épisode de La Quatrième Dimension pour un amateur de séries de SF : le format n’est pas le même, le rythme non plus, il ya des "raccourcis" et la fin est abrupte... c’est assez déroutant, mais ça ne manque pas de charme. Et en tout cas, cela change des productions habituelles dans un genre très (et peu être trop) calibré et codifié !



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