La Prophétie
Léa est une jeune femme dotée d’une volonté et d’une force de caractère peu communes... mais elle est rongée par une maladie que la science s’avère incapable de diagnostiquer. Elle ne cesse de s’affaiblir et finit par vivre en recluse chez elle... jusqu’au jour où elle finit par rencontrer un médecin qui semble savoir de quoi elle souffre. Elle apprend alors qu’elle est une "élue", une humaine dont la destinée est de devenir vampire. Mais elle n’est pas au bout de ses surprises. Car après avoir été transformée, elle va être choisie par le seigneur des vampires, qui veut faire d’elle son héritière, mais aussi son esclave...
Pour son second roman, après la fantasy d’Utopique Atlantide, Adeline Neetesonne s’attaque donc à l’univers fantastique et au thème très à la mode des vampires. On ne lui reprochera pas cette approche peut être un peu "marketing" : après tout, quand on écrit, c’est pour être lu ! Et pourquoi ne pas surfer sur la vague des Twilight et des séries TV actuellement diffusées, telles que True Blood, Vampire Diaries ou encore Moonlight ?
D’autant que l’angle choisi pour aborder l’univers des vampires est plutôt original et lui permet d’éviter l’écueil des principaux clichés, classiques ou plus récents, qui s’attachent généralement aux suceurs de sang...
D’une part, elle démythifie en partie l’image dramatique du vampire, damné pour l’éternité et condamné à tuer des vivants pour continuer sa non-vie, avec les éventuels états d’âme que cela suppose. Bien au contraire, les vampires de La Prophétie se révèlent assez ordinaires, sans aucune ambition de dominer le monde et ont une approche plutôt pragmatique de leur alimentation : ils peuvent se contenter du sang d’animaux, ou avoir recours aux services d’humains qui vendent leur sang sans toutefois mettre leur vie (ou leur âme...) en danger ! Bien vu. Et elle délaisse volontairement, comme beaucoup d’autres au cours de ces dernières années, l’imagerie traditionnelle léguée par Bram Stoker (et reprise par les films de la Hammer) des pieux, des gousses d’ail, de la capacité à se transformer en animaux divers, des cercueils et des croix pour ne conserver que la vulnérabilité des vampires à la lumière du jour et l’idée d’un pouvoir de suggestion s’apparentant à la télépathie. Bien vu aussi !
D’autre part, elle prend à contrepied l’approche romantico-gnangnan d’un Twilight en refusant les atermoiements et les prises de tête d’un Edward Cullen se demandant pendant des milliers de page s’il doit ou non faire de sa dulcinée une vampire... Ici, le beau James rend service à sa belle et lui sauve la vie en la transformant, point barre. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Ou pas ...
J’avais regretté le style parfois un peu trop expéditif de l’auteur dans son premier roman, et je dois avouer que ce trait de plume semble avoir disparu dans La Prophétie. Adeline Neetesonne trouve cette fois le bon rythme et prend le temps qu’il faut pour développer son intrigue. En outre, le récit qui se déroule sur deux époques différentes qui finissent par s’entremêler, apporte davantage de profondeur à son histoire tout en lui donnant une véritable dimension "vampirique".
En tant que lecteur, j’aurais peut être préféré qu’elle joue davantage, au début, sur l’ambigüité de la maladie de son héroïne et ne nous révèle pas tout de suite, que ce soit par l’illustration de la première couverture ou le résumé de la quatrième, le thème de son roman, qu’elle aurait d’ailleurs sans problème pu rallonger d’une centaine de pages... mais encore une fois, La Prophétie reste d’une lecture très agréable en l’état.
Sauf peut être à la fin... Chassez le naturel, il revient au galop ! Adeline Neetesonne règle en 2 pages et 3 mouvements le sort du méchant de l’histoire, là où d’autres en auraient fait, au bas mot, cinquante pages. Elle en est d’ailleurs pleinement consciente et justifie son choix dans sa postface. Il faut bien avouer qu’elle n’a pas tout à fait tort... sa fin a le mérite d’être, à sa manière, réaliste et c’est peut être nous autres, les lecteurs, qui sommes trop conditionnés par des dizaines, voire des centaines de romans et de films conçus selon le même schéma, la même progression dramatique et le même type de fin ! Et si ce genre de raccourcis doit devenir sa "marque de fabrique, après tout pourquoi pas ? A partir du moment où cela résulte d’un choix délibéré et que le récit reste cohérent...
Mon seul véritable regret, en tant que lecteur, c’est que l’auteur semble parfois céder à une certaine facilité. Surnommer le personnage du Duc de Marlow "le Prince Noir", ça fait vraiment littérature pour la jeunesse d’il y a 20 ou 30 ans ! Et par ailleurs, elle devrait faire appel à de meilleurs (ou plus nombreux) relecteurs. Ce n’est pas rédhibitoire, mais deux ou trois pages sur les 250 que compte son roman font un peu "désordre"... et c’est d’autant plus regrettable que le reste est de qualité et bien écrit.
Quoi qu’il en soit (et c’est bien l’essentiel) on retiendra avant tout le plaisir qu’on éprouve à la lecture de La Prophétie, que je n’hésiterai pas à recommander à quiconque cherche un roman vampirique sortant un peu des sentiers battus.
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