Re-animator
Herbert West est un jeune étudiant en médecine obsédé par l’idée de la vie après la mort. Revenant de Suisse où il a travaillé avec un éminent spécialiste du cerveau, il s’oppose rapidement au professeur Carl Hill, dont la thérie de la mort définitive du cerveau au bout de 12 minutes après l’arrêt cardiaque lui semble complètement dépassée. Car Herbert West a mis au point un sérum capable de réanimer n’importe quel cadavre. Bien au delà de 12 minutes après la mort... Après avoir emménagé avec Dan Cain, un autre étudiant fiancé à la fille du directeur de l’université, West ne va pas tarder pas à se lancer dans de macabres expériences et à entraîner son colocataire dans sa folie...
Bien qu’inspiré (assez librement) d’une nouvelle de Lovecraft qui, dès 1922, imaginait dans Herbert West, Réanimateur, des zombies assez semblables à ceux de Romero, on pourrait trouver le scénario de Re-animator assez simpliste et peu crédible... mais ce qui fait sa force, ce n’est pas que cette histoire de réanimations en série nous semble vraisemblable, c’est surtout que l’enchaînement des événements, très vite, nous apparaisse comme inéluctable !
En effet, dès que West emménage avec Dan Cain et que le chat de Dan devient la première victime des expériences de l’étudiant, on comprend qu’on est parti pour une suite de réanimations de plus en plus délirantes et que le gentil Dan Cain, fasciné par celles-ci, finira lui aussi par s’adonner aux horribles expériences d’Herbert West...
Car après le chat, bien entendu, ce sera au tour d’un cadavre humain de tester le sérum de West, à la morgue. Et comme le résultat de l’expérience ne sera pas totalement satisfaisant, la cadavre se transformant en un zombie incontrôlable et violent, pourquoi ne pas tester le sérum sur un cadavre plus frais ? Par exemple celui du directeur de l’hôpital, qui vient d’être tué par le zombie...
Mais Re-animator n’est pas uniquement une juxtaposition de scènes d’horreur avec des zombies et Stuart Gordon ne se contente pas de nous montrer du gore standardisé. Bien au contraire, il joue assez habilement avec bon nombre de nos tabous, parvenant parfois à faire naître un sentiment d’horreur qui va plus loin que l’habituel petit frisson qui accompagne généralement ce genre de film. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à faire mourir 3 fois le chat de Dan Cain, ni à nous montrer un scène de sexe entre une jeune fille et un professseur Hill décapité, tenant sa tête entre ses mains, tout cela sous les yeux du propre père de la jeune fille (certes transformé en zombie, mais quand même ...) !
Evidemment, tout cela n’est pas dénué d’une certaine forme d’humour ( qui ne fera toutefois rire que les plus endurcis des amateurs d’horreur ! ) ainsi que d’’un certain décalage, qui transparaît notamment au travers du personnage principal. Le cheveux remarquablement lissé, la chemise parfaitement repassée et sa cravate impécablement ajustée, Herbert West semble être une sorte de gendre idéal...
Jeffrey Combs est d’ailleurs éblouissant dans ce rôle de psychopathe en costume-cravate et les autres acteurs, notamment Bruce Abbott, Barbara Crampton et David Gale ont également leur part dans la réussite que constitue Re-animator... de même que Richard Band, compositeur d’un thème musical resté célèbre.
Il n’est donc pas étonnant, dans ces conditions, que Re-animator ait décroché une "mention spéciale horrreur" au Festival d’Avoriaz de 1986, ainsi que bon nombre d’autre prix et nominations. Pas étonnant non plus que deux suites, réalisées par Brian Yuzna, soient sorties en 1990 puis en 2003. Et il est fréquemment question d’un quatrième volet, dans lequel Stuart Gordon reprendrait les manettes, avec la même équipe d’acteurs... croisons les doigts !
Les fans de Lovecraft apprécieront san doute de retrouver l’université de Miskatonic, dans la ville d’Arkham, Massachusets... une ville et une université inventées par l’écrivain et qu’on retrouve dans bon nombre de ses textes.