Evil Toons
La présence aux commandes de Fred Olen Ray n’indiquait pas non plus mal qui vaille. Enfin presque. Certes le réalisateur-catcheur (ça ne s’invente pas) est un habitué des productions ultra cheap depuis les années 80, mais ce fétichiste du bikini (1) avait toutes les clefs en main pour offrir aux amateurs une comédie horrifique sexy. Las ?
Quatre jeunes femmes sont employées pour nettoyer une vieille maison avant l’arrivée des nouveaux propriétaires. Le soir même, un homme mystérieux (David Carradine) leur donne un colis, qui se trouve être un ancien livre d’incantations maléfiques. Par mégarde, elles ramènent à la vie sous la forme d’un toon un des démons du grimoire. Or celui-ci a besoin de sang frais s’il veut recouvrer une forme plus réelle...
Tourné en une semaine, Evil Toons pouvait difficilement prétendre aux meilleures notes. Au-delà des références manifestes, la saga Evil Dead de Sam Raimi pour le livre maudit (relié en peau humaine) et Cool World (1992) de Ralph Bakshi (2) pour l’incorporation de prises de vues réelles et d’animation, Olen Ray rend finalement une copie en adéquation avec le maigre budget (environ 140 000 $) dont est affublé son film. Bénéficiant de l’apport de deux guest stars tantôt has been, David Carradine, et tantôt culte, Dick Miller, le long métrage mise sans vergogne sur la prestation, ou plutôt l’exhibition de ses quatre interprètes féminines. Porté par la porno star Madison et la playmate Monique Gabrielle (3), Evil Toons n’a du reste pas de grande ambition, du moins celle de proposer un mélange des genres, supposé divertissant, et basé essentiellement sur un quatuor de jeunes femmes plus ou moins dévêtues. Pouvait-on en attendre davantage ? Pas sûr...
En faisant abstraction du look 80’s des prétendantes et leurs doux excès capillaires, nous pouvons dès à présent rassurer le spectateur déviant, nos quatre actrices cabotinent à souhait sous l’oeil bienveillant de leur réalisateur. Et à l’image des diverses captures d’écran, Madison, celle par qui le scandale démoniaque arrive, donne corps à la vision créatrice d’Olen Ray, tout du moins fait étalage de son jeu très physique (avec strip-tease en sus).
Cette crétinerie assumée n’en demeure pas moins d’un niveau bien bas ; tout comme la réalisation molle et inefficace de Fred Olen Ray, plombant un peu plus un film qui n’en demandait pas tant. Car si l’horreur n’est qu’un prétexte (Where is my gore ?!), au profit d’une nudité gratuite de bon aloi marketing, l’effroi ou ce qui devrait s’y apparenter tarde également à venir. Et lorsque celui-ci se produit, les toons annoncés prennent l’unique forme d’un mix bâtard entre un Diable de Tasmanie et un coyote chers à Tex Avery (4). Pour le reste, seuls les amateurs d’humour navrant devraient retrouver leur compte, les quelques clins d’oeil à la carrière de Miller et le surjeu des protagonistes apportant une plus-value quelque peu subjective.
Evil Toons ou l’exemple caractéristique de la parodie horrifique ratée. Tourné à l’arrache, saupoudré de nudité gratuite illusoire, et deux vétérans venus cachetonnés, le film ne restera pas dans les annales déviants. N’est pas Lloyd Kaufman et Troma qui veut...
(1) Sans lister la liste complète, voici un petit florilège de ses nombreux films où le mot bikini apparaît : Bikini Airways , Bikini Pirates , Bikini Girls from the Lost Planet , Super Ninja Bikini Babes .
(2) La référence à Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988) est certes évidente, mais Cool World de Bakshi a l’avantage de cibler le public adulte contrairement au film de Zemeckis et d’être sorti la même année que ce navrant Evil Toons .
(3) Connue des anciens adolescents 80’s pour son apparition remarquée dans la teen comedy de 1984 Le palace en délire (Bachelor Party) avec le jeune Tom Hanks.
(4) Toon qui en cumulé ne doit pas rester plus deux minutes en tout, sur 82 minutes, c’est assez peu...
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