Le Prisonnier 2009
Un homme ayant travaillé pour une société pratiquant l’espionnage, puis démissionné, se réveille un beau matin, ayant partiellement perdu la mémoire, dans un étrange "village" où chacun des habitants a pour nom un numéro. Bien qu’il n’y ait apparemment aucun gardien, aucune barrière, il est persuadé qu’il est prisonnier et tente d’en convaincre les autres habitants. Bien décidé à s’évader, il entre en conflit avec numéro 2, l’étrange personnage qui dirige le Village...
Remake or not remake ? That is the question ...
Du Prisonnier d’origine, on retrouve le principe du Village et de ses habitants numérotés. On retrouve également le fameux "rôdeur", quelques scènes du premier épisode (l’achat d’une carte dans la boutique du Village), le fameux "bonjour chez vous" et la fameuse "je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre", des titres d’épisodes évoquant certains des anciens et l’utilisation de diverses techniques de manipulation mentale.
En revanche, on ne retrouve pas le numéro 6 buté et sa volonté quasi obsessionnelle d’évasion, pas plus qu’on ne retrouve le charme bizarre du village de Portmeirion utilisé dans la première série. Alors qu’on savait pour quelle raison le numéro 6 avait été envoyé au Village (pour lui extorquer des renseignements), on a beaucoup plus de mal à cerner les motivations de ce nouveau numéro 2... qui porte ce nom alors qu’il n’y a aucun numéro 1 ! Pour sacrifier à la mode actuelle, le générique est ultra court (rien à voir avec celui, génial, des années 70). Quant à la bande son, elle est triste à mourir et n’a rien avec celle aussi réussie qu’originale de la série de Patrick McGoohan... que Jim Caviezel est loin d’égaler, au point - c’est un comble - que le véritable héros de la série devient le numéro 2 en la personne de l’excellent Ian McKellen !
Mais ce qui est plus grave, c’est qu’on ne retrouve pas non plus l’intensité qui était la marque de fabrique du Prisonnier. Le combat du numéro 6 était en effet aussi bien physique que mental. Il tentait régulièrement de s’évader, faisait tomber les numéros 2 les uns après les autres, désobéissait en permanence, montait de véritables complots... et la plupart des épisodes ne manquaient pas d’action. Et parallèlement, il luttait pour conserver son intégrité psychologique, pour garder son individualisme et sa liberté de pensée, pour ne jamais céder à la pression de la collectivité du Village, en dépit des différentes tentatives de "lavage de cerveau".
Hélas, on a du mal à trouver de l’action dans ces 6 épisodes de la mini-série. Tout se joue sur le plan psychologique ... ce qui ne serait pas nécessairement inintéressant, si l’intrigue était un peu moins confuse. Qu’apportent les flash-backs de l’ancienne vie du numéro 6 ? Franchement, pas grand chose... Et quid de cet étrange numéro 2, qui semble par moments être un individu sans pitié et monstrueux et par moments un être humain avec ses faiblesses, finalement presque sympathique ... Surtout, les motivations des uns et des autres nous échappent. Ce qui était très tranché dans la série d’origine est ici extrêmement flou. Pourquoi 6 se retrouve-t-il dans ce village ? Quel est l’objectif de 2 le concernant ? Mystère... Et que viennent donc faire l’épouse de 2 (sorte de belle au bois dormant...) et son fils dans cette histoire ? On ne le saura qu’à la fin, avec le sixième et dernier épisode.
Il ne s’agit pas ici de jouer les "anciens combattants" adeptes du "c’était mieux avant". Car la question est bien de savoir s’il s’agit d’un remake ou pas. Si oui, alors la série est indéniablement un échec.
Si en revanche on considère qu’il ne s’agit pas d’un remake, que le créateur de la série s’est contenté de reprendre quelques éléments du Prisonnier pour en faire quelque chose d’autre, alors le regard qu’on peut porter sur cette mini-série est différent. Car les thèmes abordés, différents de ceux de la série d’origine, sont très actuels. Alors que Patrick McGoohan incarnait la résistance à une certaine forme de totalitarisme et de déshumanisation, les héros du Prisonnier version 2009 évoluent dans un univers à la limite du virtuel, tels des avatars (pour reprendre un terme à la mode)... mais où est la réalité et où est le virtuel ?
De plus le sixième et dernier épisode apporte une "fin" tout à fait acceptable (à la différence du dernier épisode incompréhensible de la série de Patrick McGoohan), qui éclaire les 5 épisodes précédents d’un nouveau jour tout en laissant ouverte la possibilité d’une saison 2. Alors pourquoi ne pas laisser une chance à ce nouveau Prisonnier, en oubliant le passé (et une série qui restera culte quoi qu’il arrive) pour partir sur de nouvelles bases ?