For All Mankind
En juin 1969, le cosmonaute Alexei Leonov devient le premier homme sur la Lune. Peu de temps après Armstrong et Aldrin alunissent… mais le mal est fait. Lors d’une soirée dans un bar, l’astronaute Edward Baldwin se saoûle et déclare à un journaliste que la NASA aurait pu faire plus et mieux pour que les américains remportent la course à l‘espace et est mis à l’écart par Wernher Von Braun, directeur de la NASA. La situation empire lorsque les russes envoient la première femme dans la Lune. Afin de reprendre la main, les Etats Unis décident d’installer la première base lunaire et d’y envoyer Ed Baldwin, qui a été réintégré…
On connaît la véritable histoire. Les américains ont gagné la course à la Lune et… fin de l’histoire ! Les russes ont lâché l’affaire et après quelles missions Apollo pourtant réussies, abandonnent la conquête spatiale suite à des restrictions budgétaires drastiques, sous les effets conjoints de la guerre du Vietnam et de l’opinion publique qui ne voit pas l’intérêt de dépenser des milliards de dollars pour envoyer quelques personnes dans l’espace…
L’uchronie qui nous est présentée avec For All Mankind est quelque peu différente. Les américains, mauvais perdants, ne veulent pas laisser l’espace aux russes et mettent les bouchées doubles pour rattraper leu retard, ce qu’ils ne tarderont pas à faire avec leur base lunaire… qui ne tardera pas à faire face à la menace d’une base russe. La guerre froide continue, s’intensifie et gagne l’espace. Au fil des premières saisons, à raison d’une saison par décennie à peu de choses près, on retrouve à la fois des événements et des personnages devenus historiques (Wernher Von Braun, Ted Kennedy, Ronald Reagan, Bill Clinton)… et d’autres qui le sont beaucoup moins !
Mais le résultat de tout cela, c’est que la course à l’espace continue, et que tous les moyens sont bons pour les différents pays participant à la course.
For All Mankind est l’antithèse d’une série comme Star Trek (que le créateur de For All Mankind connaît très bien !), même Star Trek Enterprise, qui était censé nous faire découvrir les débuts de la conquête de l’espace par l’homme. Par son réalisme, par ses considérations politiques, par sa dimension historique même s’il s’agit d’une sorte d’histoire parallèle, For All Mankind serait plutôt le chaînon manquant qui ferait le lien avec The Expanse (autre série louée pour son réalisme, qui pourrait débuter là où For All Mankind pourrait s’arrêter, lorsque l’humanité se sera répandue dans tout le système solaire).
Mais au-delà d’une conquête de l’espace passionnante, et même stressante et dramatique par moments, servie par des effets spéciaux à la hauteur de ses ambitions, For All Mankind nous offre une galerie de personnages particulièrement riches, attachants, profonds, tourmentés, obsessionnels… qui nous rappellent que la conquête de l’espace est avant tout une aventure humaine, plus que technologique. On prend ainsi plaisir à suivre sur plusieurs années, voire plusieurs décennies pour les plus chanceux, les personnages d’Ed Baldwin (excellent Joel Kinnaman) et son ami et équipier Gordo Stevens, ainsi que leurs épouses respectives, celui de Molly Cobb (Sonya Walger), ainsi qu’un assez grand nombre de personnages féminins qui auront un destin étonnant, qu’il s’agisse d’une jeune immigrante sans papiers ou d’une astronaute qui deviendra administratrice de la NASA avant de se faire élire Présidente des Etats Unis…
A raison de 10 épisodes par saison, on s’ennuie rarement, pour ne pas dire jamais avec cette série qui alterne les histoires de famille sur terre (dont certaines d’une banalité affligeante, comme quoi être astronaute ne vous met à l’abri de rien…) et les drames à suspense insoutenable dans l’espace. Mais les scénarios sont généralement d’une intelligence rare et vont toujours ou presque dans un sens inattendu.
Pour toutes ces raisons, il serait dommage de passer à côté de cette série à la fois originale, touchante, passionnante et… imprévisible ! Car nous voilà déjà sur Mars en 1995, à la fin de la deuxième saison !