Extrait de Dédale Vers l’Empyrée
Résumé officiel (dernière de couverture) : Le Malaise foudroie sur Terre. Les survivants s’organisent comme ils le peuvent, se comptent dans l’angoisse sans savoir si demain les rassemblera encore. Epidémie de déprime, suicides, multiplication des internements psychiatriques... De toute façon, quand est survenu le "décembre noir", tout le monde a su qu’il était bien trop tard. Mais c’était sans compter sur l’Organisation, le pouvoir en place, qui déporte et expérimente : il fabrique l’homme de demain. Depuis une communauté d’insurgés s’organise une fuite éperdue. En rédemption, Vernon embarque Léa, Gianlucca et les mômes trafiqués, au péril de leurs vies, pour découvrir la vérité...
Restes-en à ta première impression me concernant. La route est longue et tes guides célestes ne suffiront pas à t’ouvrir une voie toute tracée jusqu’à la délivrance.
Elle parle, mais les premiers mots ne sont pas entendus de Vernon. La voix devient hypnotique. L’auditeur se laisse emporter par un courant étrange.
– … Responsabilités. C’est agréable, non ? Bien mieux que de se morfondre dans le noir d’une forêt, en tétant des litrons… Il se peut très bien que nous plongions droit vers l’Abîme. Mais que faire d’autre, sinon agir pour de bon ? Agir pour nous, pour Camille, pour les mômes et tous ceux que nous ne pourrons pas emporter mais pour qui nous ferons tout, une fois au Portugal. Pour Alain, aussi ! Il a droit au bonheur. Il fait partie intégrante de la trame. Nous sommes dans le vrai, Vernon. Nous aurons au moins essayé. C’est tout ce qui compte.
Frémissement des lèvres épaisses du Québécois. Il veut répondre, mais rien ne vient. Il sourit, seulement.
Chaleur.
L’embrasser. Léa veut l’embrasser. Pour sacraliser l’instant. Pour donner de cette indéfectible force puisée à la Source, en accord avec la seule raison d’être de l’univers : l’Amour.
– Pronto, Léa !
Gianlucca la ramène à d’autres considérations. Elle laisse tomber sa main mais pas son sourire. Il finira par se crisper malgré sa bonne volonté. Car l’heure est grave. Les risques, considérables. Et le pire, selon elle, est d’en faire profiter une enfant de huit ans…
Léa pose un regard affecté sur la môme. Rassemblant ses forces, elle se concentre sur cette communauté si désirée et sur l’avenir promis à Camille.
Vaincre. Pour elle, au moins.
Léa conduira. Sur le siège passager, Durando, que l’on jugera évanoui, est ligoté mains en avant. Un simple effort lui suffira pour dénouer ses liens au cas où la fuite devait s’avérer nécessaire. Sur la banquette arrière, Vernon est assis derrière lui, Famas entre les genoux. Les supposés complices de l’ex-lieutenant sont liés l’un à l’autre. Un revolver est caché à leurs pieds. Allongée sur leurs genoux, la petite Camille joue à faire le mort, emmitouflée dans une couverture. Elle aura reçu pour ordre de ne pas bouger. Bien que sensible au stress ambiant, elle envisage la situation comme un jeu et s’applique.
Léa n’a de pensée que pour sa petite protégée. Crispée sur le volant, elle reçoit les encouragements bienvenus d’Alain :
– Tout se passera bien, souffle-t-il, complice. Pour Camille comme pour nous. Notre plan est bon. Courage, Léa. Je te fais confiance.