Les Papillons du Mal (Trauma) -- Votre note ?


Les Papillons du Mal (Trauma)

Graham Masterton
vendredi 11 juin 2010
par Didier Giraud
popularité : 1%

Habituellement, les romans d’épouvante - notamment ceux de Masterton - commencent toujours par un horrible massacre.On fait ensuite connaissance avec le personnage principal, qui va se évidemment retrouver confronté à une monstrueuse créature ... et le roman se terrmine généralement bien, tout rentrant dans l’ordre une fois la monstrueuse créature éliminée ou renvoyée d’où elle venait. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ! Là, on est presque dans le schéma inverse. Pas de massacre, pas même de créature monstrueuse, du moins au début. Rien de bien extraordinaire en fait, car l’héroïne du roman, Bonnie Winter, est tout ce qu’il y a de plus ordinaire...

Duke, le mari de Bonnie est minable, paresseux, alcoolique... Une sorte de Homer Simpson, en pire ! Au chômage et faisant semblant de s’en plaindre, il rejette son "malheur"sur les mexicains (l’un d’eux lui ayant soi-disant piqué son job), car évidemment un tel personnage ne pouvait être que raciste... Quant à Ray, le fils de Bonnie, il suit lentement la voie tracée par son père.

Mais Bonnie ne se décourage pas. En plus de son travail, plutôt que de "faire des ménages" pour arrondir les fins de mois, elle a créé une petite entreprise très spécialisée, sur un créneau assez particulier : elle nettoie les scènes de crime, une fois les enquêtes terminées, afin que maisons et appartements puissent être loués ou vendus, une fois éliminées toutes les traces des carnages y ayant eu lieu. Elle est si occupée qu’il ne lui viendrait même pas à l’idée de quitter son mari, ni même de la tromper.

Jusqu’au jour où elle se rend compte qu’un point commun unit certains crimes : le comportement inexplicable de personnes sans histoire ayant soudainement massacré leurs proches et surtout la présence de bien curieuses chenilles...

Quiconque connaît bien Masterton ne sera pas surpris de découvrir que derrière ces meurtres se cache une cruelle déesse aztèque. Le recours aux mythes et légendes les plus exotiques constitue une bonne partie du "fond de commerce" de l’écrivain, qui les utilise généralement avec talent, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.

Mais quiconque connaît bien Masterton sera étonné de ne pas voir arriver plus rapidement des massacres bien sanglants, une apparition impressionnante de la déesse en question ! En fait tout se passe comme si Masterton (qui a la réputation d’écrire parfois très rapidement) s’était pris d’un intérêt particulier pour son personnage de Bonnie, qu’il développe et enrichit tout au long des 150 premières pages (sur un roman en comptant environ 220), le fantastique et l’horreur passant au second plan.

Lui qui est réputé pour sa capacité à effrayer voire à écoeurer les plus blasés de ses lecteurs, fait preuve ici d’une réelle sobriété. Les crimes sur lesquels travaille Bonnie ne sont pas différents de ceux que l’on peut voir (ou imaginer) dans une série comme Dexter. Et si la tension monte, c’est davantage du fait de la lente descente aux enfers de Bonnie, dont la situation personnelle ne va cesser de se dégrader... jusqu’à ce que, au moment où pn ne l’attendait plus, le fantastique refasse irruption, pour un final impecablement surprenant.

Voila qui ferait sans doute un sympathique scénario de film... mais qui fait surtout un excellent roman, qui se lit d’autant plus vite qu’il est difficile à lâcher. Pour celles et ceux qui aiment lire avant de s’endormir, attention : Les Papillons Du Mal fait partie de ces romans qui vous rendent insomniaques ...

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Commentaires  (fermé)

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samedi 10 juillet 2010 à 12h47, par  Joe Black

Vous savez, à peu de chose près, j’ai répondu la même chose à Didier lorsqu’il me l’a proposé... ;-) puis on se prend assez vite à cet exercice ! (pour tout un tas de raisons)

Le tout ce n’est pas ni d’être parfait, ni vraiment de traiter "les dernières modes", mais plutôt d’avoir des articles de passionnés pour partager justement sur leurs passions... Exactement comme vous parliez des Elixirs du Diable ou bien encore du Château d’Otrante, qui de mieux placé que quelqu’un qui apprécie vraiment ces oeuvres pour justement écrire un article dessus ? Rien ne remplace la "passion" que l’on peut avoir lorsque l’on traite un article, c’est cela le mieux que l’on puisse transmettre...

MAis enfin, je ne vous force pas, je respecte votre décision, si vous changez d’avis n’hésitez pas ; dans tous les cas vous êtes le bienvenu sur le site ! ;-)

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samedi 10 juillet 2010 à 11h54, par  plouf_

Merci de m’avoir lu et de votre proposition, mais je ne suis plus vraiment la production littéraire SF/Fantastique, et ferais donc un bien piètre rédacteur.

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dimanche 4 juillet 2010 à 11h46, par  Joe Black

Bonjour et merci pour ce commentaire visiblement passionné ! ;-)

Didier, le vénérable webmaster du site -qui s’occupe également de la rubrique littéraire- est actuellement en vacances, mais il se fera certainement un plaisir de vous répondre de manière plus complète dès son retour...

Je me permets en revanche de vous inviter d’ores et déjà à venir partager votre passion sur le site ! Il suffit simplement de vous inscrire comme rédacteur (en cliquant sur la gauche, vous recevrez un code par mail) et vous pourrez ainsi directement venir écrire des articles pour partager votre avis, vos passions, sur vos oeuvres et auteurs préférés...

Vous comprenez, la richesse de ce site repose sur les participations collectives, si vous vous en sentez l’âme, vous êtes donc le bienvenu pour venir combler une partie les lacunes que vous soulevez ! ;-)

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samedi 3 juillet 2010 à 12h42, par  plouf_

je découvre votre site, il est plutôt bien foutu, excepté en ce qui concerne la partie littérature. Alors là, que ce soit SF ou Fantastique, au secours la sélection de classiques. Oublier les œuvres fondatrices du genre : Frankenstein, les romans gothiques (Les Elixirs du Diable, Le Château d’Otrante…) ; Borges, Lovecraft, Jean Ray ou Robert Bloch pour les modernes ce n’est pas sérieux. Quant à Masterton souvent cité, c’est un auteur assez médiocre. Et tant qu’à citer Simmons, "Le Chant de Kali" aurait plus sa place ici (Illium est clairement de la SF, d’ailleurs c’est la suite d’Olympos… qui est classé dans la partie SF). Je suis en revanche tout à fait d’accord que King est un classique.

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