La Forteresse Noire (The Keep)
Pendant la seconde guerre mondiale, une petite troupe de soldats allemands arrive dans un village roumain et s’installe, en dépit des avertissements du bourgmestre, dans une étrange forteresse. A l’intérieur, incrustées dans les murs, se trouvent 108 croix de nickel. Persuadés que l’une d’entre elles est en argent, deus soldats allemands tente de la désceller...et libérent une étrange force, qui va tuer nuit après nuit les occupants de la forteresse. Pöur tenter d’arrêter le massacre, le prêtre du village fait appel, à une de ses vieilles connaissances, le professeur Cuzas, un homme gravement malade. Mais une troupe de SS arrive en renfort, dirigée par l’impitoyable major Kaempffer, qui est persuadé que les meurtres sont le fait de résistants et qui entreprend de faire fusiller des otages...
Michael Mann fait partie de ces rares réalisateurs dont on reconnaît le style en quelques instants, comme John Carpenter ou Brian De Palma. Et c’est évident des les premières secondes, les premières minutes du film, réalisées comme un véritable clip... une "griffe" qu’on retrouvera dans l’excellent Sixième Sens (premier film réalisé autour du personnage d’Hannibal Lecter, bien avant Le Silence Des Agneaux), ainsi que dans la série Deux Flics à Miami, dont il fut le producteur.
La Forteresse Noir est d’autant plus un film très personnel que Michael Mann en a également signé le scénario, tiré d’un roman de Francis Paul Wilson. C’est également un film ambitieux, avec des images particulièrement soignées, des décors souvent somptueux et très originaux, une créature impressionnante signée Enki Bilal et un casting de qualité, avec notamment Ian McKellen (Magnéto dans la saga des X-Men), Jürgen Prochnow et l’excellent Gabriel Byrne (La Fin Des Temps) dans le rôle du chef des SS.
Malheureusement, le film souffre d’un manque de cohérence et de faiblesse de certaines scènes, du fait de la mort du responsable des effets spéciaux. Il souffre aussi de certaines lenteurs, et d’une bande son signée Tangerine Dream assez inégale, parfois excellente mais parfois aussi rappelant les plus ennuyeuses expérimentations musicales de Klaus Schultze (même s’il ne faisait plus partie du groupe).
L’ambiance de mystère et d’angoisse, en revanche, est bien au rendez-vous. Des décors par moments hallucinants, nimbés de poussière, de brume, de brouillard, de fumée, d’une lumière bleutée crépusculaire, omniprésence des nazis avec les camps de concentration en arrière-plan... et une créature particulièrement réussie et inquiétante : tous les ingrédients d’un grand film fantastique sont réunis.
Il faut dire que le scénario évite avec une grande habileté les clichés du genre, se concentrant sur la lutte entre le bien et le mal sans pour autant en faire une question de religion... dont les signes sont toutefois très présents ! Et à la différence d’un grand nombre de films nous montrant l’utilisation par l’allemagne nazie des sciences occultes(je vous renvoie à ce sujet vers l’excellent article de Joe Black sur ce thème), on la découvre ici dans le rôle de la victime de ces mêmes forces occultes...
Alors si jamais vous tombez, au détour d’une brocante, sur une VHS de La Forteresse Noire, n’hésitez pas une seule seconde. Nous seulement vous aurez en main un véritable collector, mais en plus vous découvrirez un film dont les grandes qualités l’emportent facilement sur ses quelques défauts et qui reste, à ce jour, le seul film fantastique de Michael Mann !
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