Livide
Lucie est une étudiante infirmière. Dans le cadre de sa formation, elle accompagne une infirmière expérimentée – et même quelque peu blasée -, Catherine Wilson, qui lui raconte une bien étrange histoire sur une de ses patientes. Celle-ci, très agée, plongée dans le coma et qui ne survit que grâce à un respirateur artificiel, aurait été une célèbre professeur de danse, réputée pour sa dureté. Riche, elle a émis le souhait de mourir dans sa maison… dans laquelle serait dissimulé un trésor. Pour Lucie, c’est juste une légende un peu bizarre, mais pour son petit ami Will, c’est l’occasion de changer de vie. Il parvient à convaincre Lucie de les accompagner, lui et son frère et ensemble, ils vont s’introduire de nuit chez l’ancienne danseuse…
Ecrit par les deux réalisateurs, le scénario de Livide est une n-ième variation sur le thème du vampire, mais ce n’est certainement pas la moins originale, ni la moins réussie. La réalisation du film, son rythme assez lent, son ambiance glauque servie par des acteurs capables d’évoluer dans ce registre (notamment Catherine Jacob mais aussi Béatrice Dalle qui fait quelques apparitions dans le rôle de la mère de Lucie), sa bande son parfaitement angoissante y sont pour beaucoup. Et c’est ainsi que l’on sombre, lentement, progressivement mais inexorablement dans l’horreur, jusqu’aux scènes finales que les meilleurs pécialistes du « gore » ne renieraient pas
On ne saura sans doute jamais vraiment pourquoi et comment cette danseuse et son élève Anna ont été accablées de cette malédiction qui leur interdit de sortir et les condamne à boire du sang, tout en les empêchant de mourir mais pas de vieillir... tout cela reste très flou, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce film qui joue avec les codes du film classique de vampires, les contourne et les détourne, ce qui contribue à donner l’impression au spectateur de découvrir quelque chose de nouveau et de différent... et même par moments quelque chose d’assez magique et poétique, en dépit de scènes d’horreur pure.
Certains s’arrêteront sans doute à ce côté horrifique, à ce scénario qui se déroule pendant la nuit d’Halloween qui fait de livide un "film de genre", comme on dit en France, en sous-entendant qu’il fait un peu mauvais genre... Ce serait faire peu de cas de l’univers étonnant imaginé par Julien Maury et Alexandre Bustillo, qui nous proposent une vieille demeure peuplée de bizarres automates à têtes d’animaux, des décors surprenants parsemés d’animaux (mais pas seulement...) empaillés, tout cela finissant par ressembler à sorte de macabre attraction foraine qui serait destinée à piéger ceux qui s’y introduisent.
On peut penser, en voyant Livide, aux productions fantastiques espagnoles de ces dernières années qui revisitaient des classique qui semblait jusque là être le domaine quasi-exclusif des anglo-saxons, tout en apportant une touche, une sensibilité différente et originale.
On regrettera seulement que la fin du film traîne un peu trop en longueur, comme si les deux scénaristes / réalisateurs avaient eu du mal à mettre un point final à leur film, comme s’ils avaient hésité entre différentes fins possibles. Cela dit, celle qu’ils ont choisie a le mérite de préserver une certaine ambigüité et de laisser une part à l’interprétation du spectateur... et cette relative faiblesse ne constitue en aucun cas une raison suffisante pour passer à côté d’un film qui fait partie de ce que la France a fait de mieux dans le genre !