La Mort En Ligne (Chakushin Ari)
Yumi est étudiante en psychologie. Après un dîner, elle et des amis échangent leurs numéros de téléphone. Peu de temps après, l’une d’entre eux reçoit un étrange message, provenant apparemment de son propre portable, avec sa propre voix et une simple phrase, anodine... qui va s’avérer être ses derniers mots, juste avant sa mort. Yumi découvre alors que ce n’est pas le premier cas de ce genre et que c’est devenu une légende urbaine parmi les étudiants. Le phénomène ne tarde pas à se reproduire, semant la terreur sur le campus et à chaque fois, on retrouve un bonbon dans la bouche du cadavre. Lorsque son ami Yoko, fait la connaissance de quelqu’un qui prétend que sa soeur à été la toute première victime de la série, les deux décident d’enquêter. Leurs recherches vont les mener vers une femme décédée qui battait ses enfants et souffrait du syndrome de Münchhausen...
Evidemment, on ne peut s’empêcher de penser à The Ring et ses cassettes VHS qui provoquaient le mort de quiconque les voyait, une semaine plus tard. Compte tenu du succès mondial remporté par le film de Hideo Nakata, c’était sans doute tentant... Et six ans après, les VHS devenues obsolètes, ce sont les portables qui deviennent les vecteurs d’une autre malédiction (ce qui montre que les japonais ne sont pas encore au niveau des américains car Hollywood n’aurait sans doute pas attendu six ans pour exploiter un filon de ce genre !).
Ceci étant dit, le scénario de La Mort En Ligne est plutôt malin, qui utilise intelligemment le syndrome (peu connu) de Münchhausen* avec une fin que chacun décryptera comme il le souhaite (mais si vous avez besoin d’un indice, sachez qu’il y a eu plusieurs suites). Et la réalisation de Takashi Miike s’avère efficace. L’avantage des films japonais (mais on pourrait dire ça du cinéma de nombreux pays), c’est qu’il ne sont pas formatés comme peuvent l’être les films américains. Du coup, ils sont moins prévisibles et pour un film d’horreur, c’est un avantage particulièrement appréciable. Et même si l’héroïne du film est étudiante, on échappe aux traditionnels clichés des campus américains et aux personnages stéréotypés (le capitaine de l’équipe de foot, la chef des pom pom girls...).
Ce sont certes des petits détails, mais mis bout à bout, ces détails font qu’il y a autant d’écart entre Le Mort En Ligne et un équivalent hollywoodien qu’entre un hamburger de chez McDonald et un hamburger cuisiné par un véritable chef. De plus, Takeshi Miike prend le temps de créer une véritable ambiance, glauque et angoissante, avec parfois quelques longueurs mais qui parviennent à créer une véritable impatience et parfois une véritabe inquiétude chez le spectateur.
Avec de bons acteurs, une bande son efficace et des effets spéciaux tout à fait corrects, La Mort En Ligne est une nouvelle démonstration de la qualité des films fantastiques japonais. Ce n’est pas un hasard si le film a donné lieu à deux suites et une série télévisée au Japon... ainsi qu’un remake américain en 2008 !
* il s’agit d’une besoin pathologique d’attirer l’attention en s’imaginant des maladies et parfois en blessant une tierce personne, le plus souvent un enfant, afin d’en apparaître comme le sauveur.