Le Cobaye (The Lawnmower Man)
Généralement, il suffit de mettre le nom de Stephen King en gros sur une affiche pour assurer à un film un nombre d’entrées relativement conséquent. Et il faut reconnaître qu’on est rarement déçu. Quoi que ... les quelques rares incursions du maître de l’horreur dans la SF n’ont pas toujours été des réussites (cf. les Tommyknockers, par exemple). Mais s’il faut une exception à la règle, alors c’est bien Le Cobaye ! Car il s’agit bien de SF, et d’une bonne, d’une excellente SF. Les 2 premiers tiers du film restent assez classiques, même si l’introduction de la réalité virtuelle constitue une nouveauté en 1992 ... les méchants sont presque caricaturaux, et l’intrigue nous rappelle celle de Charlie, un remarquable film de 1968, tiré du roman Des Fleurs Pour Algernon, de Daniel Keyes. King aurait pu se contenter de cette histoire de simplet, sujet d’une expérience scientifique , qui va utiliser son esprit « boosté » pour se venger de tous ceux qui ont abusé de son état. Mais il va pousser l’intrigue beaucoup plus loin, et la fin du film constitue un dénouement digne d’un Matrix (même si les sonneries de téléphone rappellent plutôt Electric Dreams) ...
Dès la première scène du film, le ton est donné : un chimpanzé, coiffé d’une casque dont la visière lui diffuse une vision informatique de son environnement (à faire pâlir d’envie un pilote de F16 et son HUD) tente de s’échapper d’un laboratoire en crochetant une serrure, en s’emparant du revolver d’un garde, et en en dégommant plusieurs autres avant finalement de se faire abattre ...
Très vite, on apprend que le chimpanzé en question était le sujet d’une expérience du professeur Angelo (Pierce Brosnon), destiné à accroitre son intelligence par l’utilisation conjointe d’une stimulation de son esprit par la réalité virtuelle, et d’une formule chimique expérimentale ... qui malheureusement décuple l’agressivité du malheureux primate.
Mais Angelo ne renonce pas. A l’insu des dirigeants du labo (qui lui ont imposé de tester la formule expérimentale), il va conduire une expérience sur Job, un simple d’esprit qui va lui servir de cobaye.
L’expérience sera un succès. Mais sans le savoir, il est surveillé par ses patrons. A son insu, ils vont tester leur formule expérimentale sur Job qui, en outre, va lui aussi prendre l’initiative de s’injecter des surdoses et des séances de stimulation supplémentaires. Résultat, le gentil simplet va d’abord se transformer en un gentil Einstein, puis commence à développer des pouvoirs psychiques, devient de moins en moins gentil (il va se venger et se mettre à rendre la justice d’une manière aussi impressionnante que radicale), finit par se prendre pour le cyber-christ, et entreprend de devenir le maître du monde en transférant son esprit dans l’ordinateur, qui va lui donner l’accès au réseau mondial ...
Bon ... évidemment, résumé comme ça, ça peut sembler tiré par les cheveux ... Mais quand on voit le film, on y croit ! Et les pouvoirs que Job finit par acquérir, grâce à la réalité virtuelle, et qui lui permettent d’agir sur la réalité physique, constituent ce que l’on peut voir de plus proche des pouvoirs de Néo lorsqu’il devient le maître de la Matrice dans Matrix. C’est dire si Brett Leonard, avec Le Cobaye, était novateur en 1992 !
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