The Rover
Dans un futur proche vaguement post-apocalyptique, dans un coin paumé d’Australie... Eric, un ancien fermier qui a tout perdu, se fait voler sa voiture par trois criminels en cavale. Bien décidé à reprendre son unique bien, il se lance à leur poursuite. En chemin, il rencontre Reynolds, le quatrième membre de la bande, gravement blessé et abandonné par les trois autres. Il le soigne, dans l’espoir qu’il puisse lui dire vers quelle destination ils sont allés. Peu à peu, un lien va se créer entre le fermier endurci et le jeune homme un peu naïf et simple d’esprit...
Disons le clairement : le côté post apocalyptique du film n’est qu’un prétexte, un contexte très vaguement mentionné dans le film. Il y a eu un effondrement économique... et on n’en saura pas plus, ni sur le pourquoi ni sur le comment.
Evidemment, dès qu’on parle de film post apocalyptique et de véhicule, un titre vient immanqublement à l’esprit de l’amateur de SF : Mad Max. Mais The Rover se situe aux antipodes du film de George Miller, même si on retrouve par moments l’atmosphère de décadence et de désintégration de la société qu’on trouvait dans le premier Mad Max. Il y a très peu d’action dans The Rover et elle est tout sauf spectaculaire. De même la courte poursuite du début du film n’annonce pas une traque routière à la manière du Duel de Spielberg...
En fait, The Rover ressemble davantage à un road movie traditionnel qu’à n’importe quel autre film post apocalyptique. Sur un scénario des plus simplistes (un homme qui veut récupérer sa voiture volée), le réalisateur va s’intéreser à la relation qui va s’établir entre un fermier (et ancien militaire) taiseux et un jeune un peu simple d’esprit, ainsi qu’aux personnages qu’ils vont croiser. Et la galerie de portraits n’est guère flatteuse pour le genre humain, c’est le moins qu’on puisse dire ! Mis à part le personnage de la vétérinaire (un des deux seuls personnages féminins du film), tous les autres semblent avoir perdu tout point de repère, tout sens moral, sans autre ambition que de survivre... au point de perdre toute humanité. C’est sans doute le message qu’a voulu faire passer David Michôd : sans la société, l’homme ne vaut guère plus qu’un animal... ce que la dernière scène du film semble confirmer. Et ce n’est que lorsque les deux personnages principaux décident de s’aider mutuellement qu’ils retrouvent - temporairement - un peu d’humanité.
Mais pour apprécier cette vision finalement très pessimiste du monde, il faut faire l’effort de s’immerger dans le film, ce qui nécessite un minimum d’efforts. The Rover ne fait en effet pas partie des films qui captivent immédiatement le spectateur. Pas question donc de regarder The Rover d’un oeil distrait, l’autre rivé sur un écran de téléphone portable... car dans ce cas, on risque fort de passer à côté du film, de le trouver lent, ennuyeuxd, hermétique et sans intérêt. Et c’est vrai que le rythme du film est loin d’être trépidant ! Pourtant, ça vaut le coup de se faire violence afin de voir The Rover comme vous auriez pu le voir cinéma.
L’autre intéret du film, c’est de découvrir un Robert Pattinson, étonnant et remarquable dans le rôle de Rey, le jeune simple d’esprit. Si l’acteur a décidé de faire oublier son image de bellâtre et son personnage d’Edward Cullen dans la saga Twilight, il est bien parti pour réussir tant il fait preuve de talent dans The Rover. On ne peut en dire autant de Guy Pearce, inexpressif et caché derrière barbe et moustache... mais c’est sans doute ce que souhaitait le réalisateur.
Vous voilà averti : The Rover n’est pas un bon film de SF. Mais c’est un bon film, tout simplement, sous réserve qu’on fasse l’effort nécessaire pour s’immerger dans son ambiance assez particulière.
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