Cube Zero (Cube 3)
Un homme erre dans un labyrinthe en forme de cube en tentant d’éviter les pièges des différentes pièces qui le composent...
Quelque part au même instant, dans une pièce vétuste, des écrans, des ordinateurs de contrôle, des bureaux... tout autour des armoires de rangement avec des dizaines de casiers contenant des milliers de dossiers... et au milieu 2 hommes qui ont les mêmes tenues que les prisonniers du cube avec leurs noms dessus, Wynn et Dodd, une plaque nominative sur leur bureau, une lampe, des corbeilles de rangement avec les photos de famille qui s’y adossent : ils surveillent, ils archivent les différentes expériences du cube.
Ces surveillants, 2 techniciens du cube, mi-gardiens mi-bourreaux, reçoivent leurs ordres "d’en haut", ils ne voient jamais les donneurs d’ordres, ils doivent même pointer pour aller seulement aux toilettes, ils ne se rappellent même pas la dernière fois qu’ils sont sortis de cet endroit...
Comme seuls moyens de communication avec l’extérieur : un ascenseur duquel ils reçoivent leurs repas mais qu’ils n’ont pas le droit de prendre, et posé sur un bureau, un vieux téléphone cadenassé servant pour les cas d’extrême urgence exclusivement, il n’a pas beaucoup servi d’ailleurs et pour cause, ils sont terrorisés simplement à l’idée de l’utiliser...
Dans leur petit monde, tout est hiérarchie, procédures et attente : ils attendent les ordres... puis ils les exécutent depuis leurs ordinateurs et regardent passivement le résultat sur leurs écrans.
Mais Wynn se pose beaucoup de questions et interpelle Dodd... il s’interroge sur les longues vacances de ses collègues, sur leur présence ici, sur la finalité et la légitimité de ces cruelles expériences... et lorsque Wynn découvre dans un dossier que Rains, une opposante politique nouvellement prisonnière du cube, est peut être ici par erreur, il tente de convaincre Dood de prévenir la hiérarchie pour signaler un vice de procédure...
Que l’on aborde ce film en le plaçant dans le contexte des 2 précédents (surtout de l’original) ou qu’on le prenne séparément, ce Cube Zero tient à peu près la route ! (beaucoup plus que Cube 2 en tous cas)
On revient à un univers moins high-tech (exit les salades physico-quantiques de temps et d’espace), avec des décors, des bruitages et une bande son en général proche du Cube 1.
On retrouve également le coté horreur/angoisse du Cube original : des bons vieux pièges qui coupent, brulent, piquent, rongent, glacent, infectent... c’est plus parlant pour que les spectateurs s’identifient au lieu d’être "désintégré dans le vortex du continuum spatio-temporel" !
On s’intéresse aussi (surtout) au fonctionnement du Cube, un terrain glissant... il y a beaucoup de questions et les réponses apportées sont cohérentes et dessinent un contexte global qui est prenant.
Sans faire de grande révélation, le Cube est simplement décrit comme n’ayant pas d’échappatoire, il serait une sorte de prison, une infrastructure servant à faire des tests sur cobayes humains pour un régime au pouvoir qu’on devine être une dictature... Les prisonniers du cube seraient des "volontaires", en réalité condamnés à mort ayant opté à la place d’une exécution directe pour les fameux "tests" du cube (ils signeraient un petit feuillet rose comme formulaire de consentement puis on leur effacerait la mémoire...) ;
Il y a quelque chose de très kafkaïen dans ce film, comme le parallèle évident des gardiens dans leur bureau (plutôt une sorte de cave reliée directement au cube) tels des fonctionnaires à la fois spectateurs et parties intégrantes d’une "administration"... On réalise d’ailleurs rapidement que ces bourreaux ne sont en réalité que des presse-bouton et eux aussi sont victimes du Cube à une autre échelle, comme une sorte de mise en abyme, eux aussi subissent une expérience, surement une sorte de variante de la célèbre expérience de Milgram pour chercher à établir à quel moment et comment la désobéissance ou la soumission s’organise...
Une bonne part du film tourne autour de la psychologie des gardiens qui ont chacun une psychologie différente mais pas si antagonistes que ça, leurs caractères se rejoignant parfois :
— pour Wynn c’est la curiosité qui domine, se posant plein de questions, il est dans la remise en cause, dans la rébellion contre l’autorité, il veut des explications, il est choqué de toute cette cruauté, il éprouve de l’empathie pour les victimes du cube...
— pour Dodd il est surtout complètement dépassé, apeuré, dominé par la crainte de tout ce qui pourrait arriver si un quelconque "grain de sable" venait perturber les ordres... Ne voulant même pas se poser de questions ("ne pas s’impliquer" comme il le dit), il exécute en se déconnectant psychologiquement de la cruauté de ses actes (du moins jusqu’à un certain seuil) ; un technicien supérieur du cube lui déclarera ironiquement : "Excellent esprit Mr Dodd, c’est comme cela qu’on préserve la démocratie."
Coté technique, la réalisation, même si elle ne présente pas une grande originalité, est propre, Ernie Barbarash joue peut être un peu trop la sécurité... et les acteurs, pour ainsi dire pas connus, font leur job correctement.
C’est vrai que ce Cube Zero faisait un pari risqué en tentant d’apporter des explications au Cube 1 et c’est certain que la finalité ne plaira pas forcement à tout le monde...
Même si j’ai une bonne appréciation globale sur ce film -surtout après la grosse dérive de Cube 2-, j’ai dans l’idée qu’il était possible de tirer un meilleur parti de l’univers de Cube en travaillant mieux les scénarios de l’Hypercube (surtout) et du Cube Zero aussi : est ce vraiment utile de reprendre de la sorte l’expérience de Milgram en l’intégrant à l’univers du Cube ?
A découvrir, vous jugerez.
—Concernant la chronologie, il parait probable, compte tenu de la technologie de Cube Zero, que les faits se passent avant l’Hypercube (cependant les techniciens supérieurs du Cube déclarent aussi que cette installation est obsolète laissant sous-entendre qu’il y a d’autres installations plus modernes ; il y aussi ces vieux ordinateurs factices qui se "transforment" en ordinateur high tech) ; par contre, par rapport au Cube 1, je dirais que Cube Zero se situerait plutôt après... mais il n’y pas vraiment d’éléments pour le situer chronologiquement avec précision, si vous avez un avis, je suis preneur !
— Certains des textes (les "papiers" donnant les ordres) qui sont écrit dans Cube Zero ressemblent à une sorte d’idéogramme, peut être inventé de toute part, je n’ai pas réussi à l’identifier ;
— La fin de Cube Zero apporte une explication sur la présence de Kazan, l’autiste du Cube 1 ;
— France 2 a diffusé un documentaire sociologique très intéressant intitulé Le Jeu de la Mort, il reprend le principe de l’expérience de Milgram en remplaçant l’autorité scientifique par "l’autorité télévisuelle" dans un faux jeu télévisé, La Zone Extrême, présenté par Tania Young ; les résultats sont controversés.
Commentaires (fermé)