Entretien avec DAF
Faites quelque chose, passez le mot à vos voisins, achetez le roman à Noël pour un ado... moi je voudrais bien lire la suite, mais DAF ne l’écrira que si Hodock est un succès !
Didier Comment vous est venue l’idée de Mysteria et tout ce qui va avec ? Vous êtes vous un jour réveillée avec tout cela plus ou moins en tête, ou bien est-ce le résultat d’un travail acharné ?
DAF L’idée de Mysteria m’est venue de l’insatisfaction que j’avais face à toutes les histoires de sorcellerie que j’avais pu lire ou voir. On n’y expliquait jamais pourquoi les sorciers avaient des pouvoirs, d’où ils venaient, pourquoi ils avaient des rites, des pratiques communes…
J’ai donc décidé de prendre les choses en mains et de donner ma propre explication, et pour moi, le moyen le plus simple était d’inventer une planète. Ainsi, je pourrais tout expliquer de A à Z à travers l’histoire de cette planète et de ses habitants. Si vous relisez le début du premier chapitre de la partie II (Mysteria) vous réaliserez que je ne fais que répondre à toutes ces questions que je me posais : d’où viennent les sorciers (que j’ai décidé de renommer Ampiors) ? Quand ont-ils eut leurs pouvoirs ? Comment ont-ils fait pour gérer tant de pouvoir sans sombrer dans l’anarchie ? Comment se fait-il qu’ils vivent sur Terre ?...
J’ai passé toute mon année de troisième à écrire dans un cahier toutes ces idées, ainsi que celle concernant Alycia, ses tantes, l’ESMH… j’avais même écrit à l’avance certaines incantations. C’était un travail passionné mais soigneusement préparé.
Didier Quand on écrit un roman, c’est souvent parce qu’on a beaucoup lu avant. Est-ce votre cas ? Pensez-vous avoir été influencé par certaines lectures et si oui ... lesquelles ?
DAF A l’époque où j’ai écrit Hodock, je lisais principalement Harry Potter et les lectures obligatoires du collège puis du lycée… toutefois, plus jeune j’adorais lire et mes auteurs préférés étaient Roal Dahl et Georges Chaulet (j’ai lu tous ses Fantômettes jusqu’à l’usure).
Pour Hodock j’ai trouvé mon inspiration dans mes lectures mais surtout par les films et les séries télés que je regardais. Le cinéma et l’écriture sont deux arts très proches, on utilise beaucoup de techniques communes. Par exemple, utiliser un personnage principal novice à travers lequel on va faire découvrir au lecteur un nouveau monde. Dans Hodock c’était Alycia. Bien sûr, le personnage a un intérêt au-delà de sa fonction didactique, mais ce n’est pas un hasard si Alycia découvre l’existence de Mysteria et de ses pouvoirs à 16 ans. Si elle les avait eu depuis sa naissance, il aurait fallu utiliser la narration pour tout expliquer et ça aurait été beaucoup moins distrayant que les dialogues, et puis on n’aurait pas eu le suspense lié à la découverte progressive des secrets de la famille Thomson…
Je me suis un peu égarée là, mais tout ça c’est pour dire que le cinéma m’a autant inspirée que les livres. Autrement, je dois préciser que Hodock n’était pas mon premier roman. J’en avais déjà écrit 5 avant (j’ai écrit le premier à 11 ans) et c’est la raison pour laquelle j’avais la confiance nécessaire pour écrire Hodock. Je savais que ça allait être un gros projet et je sais que je n’aurais jamais eu l’idée d’écrire un roman de plus de 600 pages sans avoir jamais rien écrit avant. D’ailleurs, avant d’avoir écrit mon premier roman j’avais déjà écrit plein de petites histoires de 5, 10, 15, 20 pages tout au long de ma scolarité à l’école primaire. C’est pareil, si je n’avais pas écrit ces histoires, je n’aurais pas osé me lancer dans l’écriture d’un premier roman de 100 et quelques pages à 11 ans. Il faut commencer quelque part.
Didier Quels sont vos romans préférés ? Ou, à défaut, vos lectures préférées ?
DAF Aujourd’hui, j’aime beaucoup les romans de Sophie Kinsella car ça se lit très facilement (en anglais) et c’est toujours très drôle. Après, je n’ai pas un auteur préféré mais je dois dire que j’ai beaucoup apprécié un roman de James Frey « Bright Shiny Morning ». J’ai trouvé son style incroyablement original, vraiment atypique… non seulement il juxtaposait les histoires de personnages complètement différents et entrecoupées d’informations sur Los Angeles, mais en plus il écrivait dans un style à limite du grammaticalement incorrect. Par exemple il allait écrire « Elle frappa à la porte boum. Elle frappa à la porte boum boum boum. Elle frappa à la porte. » Il utilise les mots d’une façon singulière et donne une toute nouvelle dimension au mot « répétition ». C’est tout sauf classique et d’ailleurs, je ne pense pas que ce serait possible de trouver un tel style de la part d’un auteur français. C’est vraiment anti-conventionnel. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle j’aime bien lire des auteurs anglais : d’une part c’est très rafraichissant, et d’autre part, il y a peu de chances pour que leurs livres m’inspirent pour mes propres écrits parce que, forcément, je ne pourrais pas utiliser ni leur vocabulaire ni leur style.
Enfin, j’aime beaucoup certains romans de Douglas Kennedy (en particulier son premier roman, « The dead heart ») et je viens de finir « Digital Fortress » de Dan Brown que j’ai trouvé très captivant. J’ai tout de suite compris pourquoi on avait fait des films basés sur ses romans. En gros, ce sont des films sur papier, ça se lit comme on regarde un film, sans effort.
Didier Ecrire un roman, surtout aussi volumineux et abouti que celui-ci, à votre âge, ce n’est pas courant. Comment expliquez-vous ça ?
DAF Je pense que j’ai déjà un peu répondu à cette question tout à l’heure : j’ai commencé avec des petites histoires et j’ai continué jusqu’à écrire Hodock. Après, pourquoi ais-je tellement d’inspiration, ça je n’en sais rien. Mais je ressens beaucoup de gratitude (qui qu’en soit le responsable…). L’écriture c’est quelque chose de formidable, ça vous permet de voyager n’importe où, n’importe quand, et en plus vous pouvez embarquer des milliers de gens avec vous.
Didier Pouvez-vous nous raconter l’histoire de l’écriture de votre roman ? A quel âge vous l’avez commencé ? Vous êtes-vous arrêtée pour le reprendre ensuite ? L’avez-vous ré-écrit en partie ?
DAF J’ai préparé Hodock en troisième, donc j’avais quinze ans. Je l’ai intégralement écrit entre l’âge de quinze et 18 ans (entre la seconde et la terminale). A la fin il faisait dans les 700 pages. En arrivant à la fac je l’ai relu et j’ai enlevé 100 pages pour vraiment garder l’essentiel (même s’il y a des passages que je trouvais pas mal car ils permettaient d’approfondir certains personnages). Ensuite j’ai du retirer toutes les allusions aux passages que j’avais supprimés, et comme vous pouvez vous en douter, c’était une tâche très fastidieuse. Ensuite j’ai l’ai lu, et relu, et re-relu en modifiant toujours un passage par-ci par-là, en ajoutant des répliques dans un dialogue, en en enlevant... Honnêtement, j’aurais pu écrire encore des centaines de pages comme ça parce que, encore maintenant, j’ai plein d’idées pour rendre Mysteria encore plus réaliste (j’ai évoqué la religion, le sport, la loi… mais je n’ai pas parlé de la politique, des arts,…). Je ne regrette rien mais il était vraiment temps que je tente de faire publier Hodock parce que j’aurais toujours trouvé quelque chose à y ajouter ou à y modifier.
Didier Je ne crois pas me tromper en affirmant que vous avez écrit un bon roman... pourtant, vous ne donnez pas l’impression de vouloir en faire la promotion ! Un blog pas très actif, pas de page ni de groupe Facebook, pas de séances de dédicaces, pas de participation au moindre salon. Pourquoi ne pas vous impliquer davantage ?
DAF Ma réponse va être très simple : il y a plein de coquilles dans l’ouvrage actuel donc j’attends que la nouvelle correction soit terminée pour me lancer complètement dans la promotion, afin que l’ouvrage soit nickel quand il sera lu en masse !
Didier Avez-vous prévu une suite ? Si oui, est-ce "top-secret" à ce stade ou pouvez-vous nous en dire quelques mots ? Si non, avez-vous d’autres projets littéraires ?
DAF J’ai des idées pour la suite mais je ne l’écrirais que si le premier tome se vend bien, parce que pour l’instant j’ai un projet terminé et je suis en train d’écrire un autre roman. Il ne s’agit pas du tout de romans fantastiques et ils n’ont rien à voir avec Hodock, donc je préfère ne pas trop me disperser pour l’instant.
Tout ce que je peux dire sur la suite de Hodock c’est qu’elle se passera principalement sur Mysteria parce qu’Alycia va entrer à la fac de Taenish avec les sœurs Mansen, Din et Vincent. Elle vivra chez son père qu’elle aidera en dehors des cours au commissariat où il est inspecteur. Il y aura un nouveau « méchant » redoutable surnommé « Le Collecteur » ainsi qu’un autre dont on va entendre parler de temps à autres mais qui ne se révèlera comme important que vers la fin.
Je peux aussi vous dire qu’on va à nouveau entendre parler de Seth…
Didier Vous menez des études plutôt brillantes. Avez-vous l’intention d’avoir une activité littéraire en parallèle de votre future activité professionnelle ou pensez-vous utiliser votre diplôme comme "parachute" et essayer de vivre de votre activité littéraire ? Ce qui nous ramène à la question 4...
DAF Je tiens à avoir une véritable activité professionnelle épanouissante afin de pouvoir écrire ce que je veux. Comme je l’ai dit juste avant, les romans que j’écris actuellement n’ont rien à voir avec Hodock, et je veux pouvoir continuer à écrire ce que j’ai envie d’écrire même si cela ne plaira pas à autant de monde. En écrivant Hodock, je savais qu’il pourrait plaire à énormément de monde parce que le sujet s’y prête, ce qui n’est pas le cas des romans que j’avais pu écrire avant ou après, qui sont d’avantages destinés à un public spécifique.
Didier Comment avez-vous fait, d’ailleurs, pour gérer vos études et l’écriture d’un roman ? Vous avez un planning très organisé, vous avez besoin de peu d’heures de sommeil ou alors ... c’est si facile que ça, le marketing ?
DAF Comme je l’ai dit, j’ai écrit Hodock au lycée donc j’avais du temps. C’est vrai que maintenant j’en ai moins, et d’ailleurs j’écris moins. Mais je pense que ça tient aussi au fait que ce que j’écris est plus difficile parce que c’est réaliste et non fantastique. Pour l’écriture d’Hodock je n’avais besoin de faire quasiment aucune recherche, puisque j’inventais quasiment tout. Là c’est l’inverse, je dois faire des recherches sur tout pour ne pas raconter de bêtises. Du coup, ça étouffe un peu ma créativité.
Didier Question traditionnelle des interviews sur ce site : quel conseil donneriez vous à un jeune écrivain ayant un projet de roman, pour qu’il le mène à bien ?
DAF Il faut qu’il sache exactement où il veut en venir sinon il ne pourra jamais terminer son roman. Par conséquent, il lui faut une trame, même si elle est un peu vague. Après ça dépend du genre : si c’est un thriller il faudra plus qu’une trame bancale…. je pense. Un autre conseil serait d’être aussi exigeant envers soi-même qu’on peut l’être avec les auteurs qu’on lit. Je ne me suis jamais dit : « c’est pas génial mais ça passe, j’ai que seize ans, hein… ». Sinon, c’est comme ne pas croire en soi-même.
Retrouvez un extrait de Hodock !
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