Extrait de La Nuit Derrière La Porte
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La Nuit Derrière La Porte - Frédéric DARRIET Pages 5 à 21 - Chapitre 1 et 2 du roman « La nuit derrière la Porte »
Bénédicte détestait cette femme tellement elle était belle. Le visage de Sophie était d’une grande finesse, les yeux d’un vert profond, le nez légèrement retroussé et les lèvres ourlées. Son buste aussi, ses bras et ses longues jambes appelaient le regard. Tout en elle transpirait la sensualité. C’était une femme magnifique. A côté Bénédicte se sentait une lépreuse que le monde cachait pour ne pas effrayer les enfants. Une onde de rage lui broya la poitrine. Elle en aurait pleuré de frustration si cette mijaurée ne se tenait pas là, derrière son dos, à l’épier comme on surveille une vilaine bête.
Tu es sûre de ne pas vouloir un chocolat chaud ! demanda Sophie.
Donne-le moi ton chocolat si tu y tiens tant !
Sophie recula d’un pas. Cette espèce de Chose sur sa chaise n’arrêtait pas de lui lancer des méchancetés.
Une rafale de vent plus violente que les autres fit trembler l’auberge. La vieille bâtisse vibra sur ses fondations tel un vieux galion échoué. Une fenêtre claqua dans une chambre au premier étage.
Je reviens avec ton chocolat dans une minute, le temps de fermer les fenêtres et de voir si Canisius est arrivé.
Bénédicte resta de marbre, ses grands yeux tourmentés perdus dans la grisaille. Elle savait que la proposition du chocolat était un prétexte pour que Sophie aille retrouver Canisius dans la cuisine. Un jour, elle tuerait Sophie ! Cette femme l’humiliait en affichant sa beauté insolente. Elle n’avait pas le droit de la narguer ainsi alors que son corps à elle, misérable et laid, sentait à peine la chaleur d’une bougie.