Melancholia
Justine et Michael se marient, puis se rendent chez la soeur de Justine, qui a préparé une réception somptueuse. Mais la soirée ne se déroule pas tout à fait comme prévu... à tel point qu les jeunes mariés vont séparer ! Justine se retrouve donc seule avec sa soeur et son beau-frère pour affronter la terrible menace qui pèse sur la terre : la planète Melacholia, qui ne cesse de se rapprocher et risque de la heurter...
Pour ceux qui l’ignoreraient, la mélancolie n’est pas seulement la version romantique de ce que certains appellent le "cafard". Même si Baudelaire et d’autres ont érigé le spleen en mode de vie, la mélancolie est bel et bien un état dépressif, pouvant conduire au suicide.
Et on s’en rend très vite compte dans la première partie du film, consacrée à la réception ayant lieu après le mariage, pendant laquelle Justine (Kirsten Dunst) trouve le moyen de faire une sieste, de prendre un bain et de tromper son mari ! Elle ne va pas très bien, c’est le moins qu’on puisse dire... Elle n’est cependant pas la seule à avoir un comportement bizarre puisque son père et sa mère plombent la soirée en réglant leurs comptes en public et que son patron lui met la pression pour qu’elle trouve une accroche pour sa prochaine campagne publicitaire !
A ce stade, on ne sait pas trop quoi penser du film... et on se demande bien quand il sera question de cette fameuse planète Melancholia. Les situations semblent parfois à la limite de la caricature, presque artificielles et on se demande en outre si Lars Von trier ne s’est pas trompé de film avec des scènes qu’on pourrait croire sorties de Festen.
Mais la seconde partie nous plonge bel et bien dans une ambiance pré-apocalyptique. Et on comprend alors beaucoup mieux les comportements des uns et des autres lors de la réception, derrière les sourires de façade. Pas facile de se réjouir et de se divertir (ni même de se marier !) lorsqu ’on se demande si on ne sera pas mort dans quelques jours...
On pourra toujours reprocher au réalisateur ses références quelque peu obscures, quelques longueur inutiles et évitables ... Il n’en reste pas moins que certaines images sont superbes, que l’ambiance du film est tout à fait réussie et justifie parfaitement le choix du titre et du nom de la planète et que même les longueurs contribuent à cette ambiance si particulière, à des années lumière de films tels qu’Armageddon ou Deep Impact. Mais évidemment, il serait impensable pour le co-fondateur du dogme 95 de tomber dans le film de genre !
Les acteurs sont évidemment pour beaucoup dans la réussite qu’est Melancholia. Kirsten Dunst, étonnante, parvient à son tour à remporter le Prix d’Interprétation Féminine au festival de Cannes, comme Charlotte Gainsbourg pour Antichrist, également excellente dans le rôle de la soeur de Justine. Mais on pourrait également citer Kiefer Sutherland, John Hurt ou encore Charlotte Rampling (oui, la même qui joue dans les pub pour Allianz) et même Udo Kier (!), tous parfaits.
Le seul véritable reproche qu’on pourrait adresser au réalisateur, c’est qu’on ne retient finalement pas grand chose de son film. Sur la forme, c’est parfois superbe. Mais sur le fond, on se demande quel message il aura voulu faire passer, à supposer qu’il y en ait un. C’est un peu dommage, mais ce n’est pas une raison suffisante pour passer à côté d’un film qui nous change un peu du train-train quotidien hollywoodien !
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