Heartless
Jamie est un jeune homme affligé d’une tache de naissance qui couvre la partie gauche de son visage. Timide et renfermé, ll n’a jamais accepté cette différence et porte en permanence une capuche pour dissimuler son visage. Pour ne rien arranger, sa mère est assassinée par des jeunes appartenant à un gang particulièrement violent. Mais il va se rendre compte que certains d’entre eux n’ont rien d’humain... Alors qu’il cherche à se venger, il va rencontrer leur chef, qui va lui proposer un marché : en échange d’un acte banal de malfaisance, il effacera sa tache de naissance, lui donnant ainsi la beauté dont il rêvait depuis si longtemps...
Le mythe de Faust, on connaît, rien de bien nouveau de ce côté là. Et lorsque le "héros" accepte le marché - qui lui semble très avantageux puisqu’en échange de la beauté, on ne lui demande que de "tagger" un mur - on se doute bien qu’il ne va pas tarder à déchanter et la surprise que le film nous réserve ne se situe pas à ce niveau là.
Cela dit, on se rend compte assez rapidement que cette production britannique n’est pas un film fantastique ou d’horreur classique, ne serait-ce que par le côté glauque des lieux dans lequel il se déroule (et donc par son côté "social", même si le film ne véhicule aucun message particulier). C’est vrai que ça nous change de l’ambiance très BCBG des universités américaine vues et revues dans les productions hollywoodiennes !
Délinquance, criminalité, pauvreté, solitude et même misère sexuelle... le quotidien du jeune Jamie, affligé d’une tache de naissance qui lui mange tout un côté du visage (même si elle est en forme de coeur...), dont le père est mort depuis déjà longtemps et dont la mère vient d’être assassinée sous ses yeux, n’est pas rose tous les jours. Et ça ne s’améliore pas lorsqu’il fait la connaissance de "Papa B " (Belzebuth ?), qui semble n’avoir comme objectif que de répandre le chaos sur Terre !
Cette ambiance assez particulière, renforcée par l’apparition de personnages inattendus (le maître d’armes), confère un attrait indéniable au film, qu’on a du mal à cerner, même lorsqu’il vire au film d’horreur. Et ce n’est qu’à la fin qu’on finit par se poser les bonnes questions. Car avant d’en arriver là, le film nous emmène sur différentes pistes, visitant différents genres et restant imprévisible jusqu’a ses toutes dernières minutes.
Car finalement, sans rentrer dans les détails (ce serait dommage), ce qu’on a vu - ou ce qu’on a cru voir - n’était peut être pas la réalité. Peut-être s’agissait-il d’une illusion diaboliquement créée par le démon pour induire Jamie en erreur, pour mieux le manipuler ? A moins qu’il n’y ait jamais eu de démon et que seul l’esprit malade de Jamie ait interprété la réalité d’une manière légèrement faussée...
Dans tous les cas, cela dit, l’histoire (et sa fin) restent bien tristes et on est bien loin des happy ends traditionnelles. Certains trouveront donc que ce film n’a pas sa place sur ce site, alors que d’autres estimeront intéressante cette adaptation du mythe de Faust à notre déprimante réalité... et on pourra s’interroger longtemps sur le sens profond du film qu’a voulu faire Philip Ridley, sur le fait qu’on y arrache des coeurs, que la tache de naissance de Jamie a une forme de coeur et que la traduction du titre du film est "sans coeur"... Mais ce qui fait le charme de ce film, c’est précisément de ne pas pouvoir répondre avec certitude à toutes les questions qu’il soulève !
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