Le Territoire Des Ombres - Le Secret Des Valdemar
Luisa, une jeune femme ambitieuse est chargée de remplacer un de ses collègues, qui semble avoir disparu. Elle se voit confiée la mission de vendre un superbe mais vieux manoir inhabité depuis de nombreuses années. Alors qu’elle le visite pour en faire l’estimation, elle découvre dans les combles un corps à moitié décomposé et un monstre qui tente de la tuer. Chargé d’enquêter sur ce mystère, un détective rencontre une femme qui lui raconte l’histoire de ce manoir et de ceux qui l’habitaient. En 1874, Lazaro Valdemar et sa femme y accueillaient des orphelins. Pasionné de photographie, Lazaro découvre les effets spéciaux qui vont lui permettre d’escroquer de riches clients au cours de séances de spiritisme... jusqu’à ce qu’un journaliste découvre la supercherie. D’abord emprisonné, il finit par être libéré avec l’aide d’un homme qui demande de reprendre ses séances de spiritisme. Mais il ne s’agit plus de séances truquées. Lazaro va tenter de conjurer des forces capables de guérir sa femme tombée gravement malade...
C’est un bien curieux mélange que nous propose José Luis Aleman, réalisateur et scénariste de film-hommage à Lovecraft mais aussi à l’ensemble du fantastique britannique du début du siècle dernier. Car Valdemar n’est pas un nom issu de l’oeuvre de Lovecraf mais de celle d’Edgard Poe (La Vérité Sur Le Cas De M. Valdemar) ! Aleisteir Crowley, un des personnages du film, a bel et bien existé et fut un célèbre écrivain et occultiste, très controversé. On y croise même un certain Bram Stoker, que les fans de Dracula connaissent bien...
Mais que les amateurs de Lovecraft se rassurent : c’est bien de l’univers très particulier de leur écrivain préféré qu’il s’agit ici, même si ce premier volet les laissera sans doute sur leur faim. Mis à part le court passage horrifique du début du film, se situant à notre époque, ils n’auront pas grand chose à se mettre sous la dent jusqu’à la fin, avec une scène d’invocation assez réussie, selon le "rite de Dunwich" (en référence à une des plus célèbres nouvelles de Lovecraft, L’Abomination De Dunwich), trouvé bien entendu dans le fameux Necronomicon !
Cela dit, ce qui se passe entre les deux n’est pas inintéressant pour autant. On prend le temps de faire connaissance avec les Valdemar et de s’attacher à eux. Et on se doute bien que les forces maléfiques que Lazaro va finir par libérer ne vont pas tarder à s’abattre sur Luisa et ses amis, plus d’un siècle après... mais ce sera pour le second volet, Le Monde Interdit.
On se gardera bien, par conséquent, d’être trop sévère envers cette première partie de 90 minutes, qui permet en outre de retrouver Paul Naschy, célèbre acteur, scénariste et réalisateur espagnol, grand amateur de cinéma fantastique et d’horreur des années 50 et 60, dans une de ses dernières apparitions. Et on attendra le deuxième volet pour porter un jugement définitif, même s’il est déjà clair que le diptyque ne tiendra pas tout à fait ses promesses, faute de moyens suffisants et en dépit d’une réalisation plutôt bien maîtrisée, quoi qu’un peu trop classique, sans doute.
Trop classique car Lovecraft, c’est tout sauf classique ! Et pour reproduire son univers, il faut de la démesure, un délire visuel cauchemardesque dont on est hélas très loin dans Le Secret Des Valdemar. C’est dommage... mais la tentative de José Luis Aleman reste bien sympathique, avec un film qui ne marquera certes pas les mémoires, mais qui s’avère être un honnête film fantastique.