Goal Of The Dead
Dix sept ans après, le célèbre club de Football de l’ Olympique de Paris retrouve l’obscur club de Caplongue, à l’occasion d’un 32ème de finale de la coupe de France. Il y a 17 ans, Paris avait gagné, puis recruté dans la foulée un jeune caplonguais, Sam Lorit, devenu depuis capitaine du club parisien. Pour Sam, le retour aux sources s’annonce émouvant. Proche de la retraite, il se verrait bien devenir entraîneur des jeunes de son village... Mais les habitants de Caplongue ont la rancune tenace, à commencer par le père d’un des joueurs, un médecin qui a commandé sur internet un produit dopant qui va s’avérer redoutable. Transformé en zombie, le joueur va contaminer les supporters et la rencontre de football va tourner au massacre. Mais Sam, lui, va aller de découverte en découverte...
En faisant un raccourci, certains ont voulu nous Vendre Goal Of The Dead comme le Shaun Of The Dead français. Il y a certes un peu de cela, c’est vrai, mais Goal Of The Dead va un petit peu au delà, avec une dimension footballistique importante. Car il ne suffit pas d’aimer les zombies pour apprécier Goal Of The Dead*, il faut aussi aimer et connaître le football !
De ce côté, il y tout ou presque de ce que les amateurs peuvent connaître de ce microcosme qui fait tant écrire et parler, entre finale de coupe du monde, scandale sexuel et grève des joueurs : les tensions entre un entraîneur idéaliste et un agent cupide, un joueur qui ne veut pas faire de passes décisives à un autre, un jeune espoir du football mondial arrogant, des commentaires ironiques de Pierre Menès**, des supporters plus bas de plafond que nature (et pourtant...), des filles qui tournent autour des joueurs... et de ce point de vue-là, les deux réalisateurs n’en font pas trop, juste ce qu’il faut, en fait, car la critique et la craicateure auraient été faciles, trop facile même. Au contraire, ils ont opté pour une forme de réalisme qui rend leur propos beaucoup plus efficace et mordant ! On s’y croirait presque et du coup, le monde du football n’en sort pas indemne.
Sur la forme, en revanche, certains choix sont discutables, à commencer par celui fu format en deux parties d’une heure et dix minutes chacune, qui se veut calqué sur le modèle Grindhouse remis au gôut du jour quelques années avant par Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Idée sympathique ou tentative pas très honnête de vendre un seul produit pour le prix de deux ? Difficile de trancher. Ce qui semble évident, c’est que le film aurait pu être plus court et plus percutant, tant dans l’horreur que dans l’humour.
D’un autre côté, il faut avouer que le scénario est plutôt riche, avec des personnages vraiment bien travaillés et attachants... et le film franchit un véritable cap dans sa deuxième "mi-temps", avec beaucoup plus d’humour, notamment au travers de dialogues qui font mouche, à l’image du très réussi résumé de la première mi-temps en voix-off. Thierry Poiraud (réalisateur de cette deuxième partie) serait-il meilleur que Benjamin Rocher ? Sans doute un peu...
Mais dans l’ensemble, Goal Of The Dead s’avère un excellent divertissement, à la fois drôle et surprenant, plutôt intelligent et pertinent, avec juste ce qu’il faut d’horreur pour satisfaire les amateurs de ce genre de films et de films de genre. On saluera la performance des acteurs, inconnus pour la plupart à l’exception d’Ahmed Sylla (une des révélations de l’émission On Ne Demande Qu’à En Rire) et Bruno Salomone, mais aussi une réalisation plutôt bien maitrisée, avec des moments de football qui rappellent les fameux Olive et Tom et leur terrain long de plusieurs kilomètres, et des moments d’horreur plutôt soft mais dans une ambiance réussie, avec un match filmé de nuit et une bande son bien choisie (il y a même un petit quelque chose de John Carpenter dans les premières notes du début du film).
En plus, c’est français...et en plus, ça été réalisé avec un budget de misère. Ca donne vraiment envie de voir ce dont les deux réalisateurs seraient capables, avec un peu plus de temps et d’argent !
* C’est la principale différence avec Shaun Of The Dead, qui s’adressait aux vrais amateurs de films de zombies.
** Célèbre journaliste, puis blogueur, consultant et chroniqueur sur différentes chaînes, grand ami de Patrice Evra, notamment (mais pas que...)