Misery

Paul Sheldon est un écrivain célèbre et... malheureux ! Sa gloire, il la doit à des romans à l’eau de rose ayant pour héroïne une certaine Misery Chastain, qu’il a décidé de faire mourir dans le dernier épisode de la série, pour s’adonner à la véritable littérature. Et il vient de terminer son nouveau roman, très éloigné du style des Misery ! Alors qu’il quitte sa résidence du Colorado pour apporter son manuscrit à New York, il per le contrôle de son véhicule en pleine tempête de neige. Les jambes brisées, il est recueilli une infirmière, Annie Wilkes, qui se présente comme sa plus fervente admiratrice. Annie soigne Paul en attendant que les routes soient dégagées et qu’elle puisse l’emmener à l’hôpital, mais losque le dernier tome de Misery est publié et qu’Annie se rend compte que son héroïne préférée est morte, elle décide de séquestrer l’écrivain pour qu’il la fasse revivre ...
Un Oscar et un Golden Globe : c’est ce que Misery a permis à l’actrice Kathy Bates, jusque là plutôt méconnue du grand public, pour sa formidable prestation dans un rôle d’infirmière tueuse et déséquilibrée ! C’est d’autant plus étonnant - et d’autant plus méritoire de sa part - qu’Hollywood a plutôt l’habitude de récompenser des actrices aux allures de top models... Et cela lui vaudra, cinq ans plus tard, d’incarner une autre "héroïne" de Stephen King dans Dolorès Clairborne, où elle se révèle tout aussi impressionnante !
Face à cette grande actrice, James Caan (déjà vu dans le remarquable Rollerball et, deux ans avant, dans Futur Immédiat : Los Angeles 1991) passerait presque inaperçu. Il interprète pourtant son personnage d’écrivain réduit à l’impuissance (il passe la quasi totalité du film alité ou en chaise roulante) avec une grande sobriété, beaucoup de subtilité et un certain humour, au travers de mimiques qui en disent plus long sur ses pensées que ne le ferait une voix off !
Aux manettes Rob Reiner, déjà réalisateur de Stand By Me, une autre adaptation de l’oeuvre de Stephen King, fait preuve d’un talent assez exceptionnel pour restituer le suspense du roman, alors qu’on le connaissait plutôt pour ses comédies (notamment le célèbre Quand Harry rencontre Sally). Trouvant le rythme juste entre le huis clos de l’écrivain et de l’infirmièred’une part et d’autre part l’enquête menée par le vieux sheriff (qui en dépit de son air de vieux plouc ne lâche pas l’affaire), il fait habilement monter la tension, avec quelques scènes mémorables, jusqu’’au final, qui est une explosion de violence libératrice comme on en a rarement vu au cinéma.
Mais tout cela ne serait rien sans un scénario redoutablement efficace, collant au plus près au roman de Stephen King qui, comme souvent, parvient avec beaucoup d’intelligence à tirer le maximum d’une situation minimaliste, avec seulement 2 personnages dans une maison isolée, même s’il faut saluer la prestation de ce sympathique vieux sheriff, ainsi que quelques apparitions de Lauren Bacall dans le rôle de l’agent de l’écrivain.
Résultat ? Tout simplement un des meilleurs suspenses jamais vus sur un écran, un modèle du genre qui, 20 ans après sa sortie, n’a pas pris une ride !