Les Sorcières De Zugarramurdi
José et Tony, respectivement déguises en Christ et en soldat vert tout droit venu de Toy Story, braquent une boutique spécialisée dans l’achat et la vente d’or. Leur butin : un sac entier d’alliances revendues par des couples divorcés. Ils parviennnent à s’enfuir, accompagnés de Sergio, dont José avait la garde ce week end là et de Manuel, un chauffeur de taxi pris en otage après que la petite amie de Tony soit partie avec la voiture qu’ils devaient prendre. Alors qu’il essaient de rejoindre la France, ils s’arrêtent à Zugarramurdi, un village où vivent de puissantes sorcières, bien décidées à prendre leur revanche sur les hommes. Pour elles, le jeune Sergio est l’élu qui leur permettra d’assurer la prédominance des femmes dans l’avenir...
Cela faisait longtemps, trop longtemps qu’on n’avait pas revu Alex De La Iglesia dans le domaine du fantastique puisqu’après deux films remarqués favorablement par la critique, Action Mutante en 1993 et Le Jour De La Bête en 1996, il s’était dirigé vers d’autres genres cinématographiques.
Et visiblement, il est revenu pour se faire plaisir, avec cette comédie horrifique à l’humour noir très particulier, à petit budget et au scénario délirant !
Le ton est donné très vite, dès les premières images, avec les deux braqueurs mêlés à des artistes de rue, l’un déguisé en Christ et l’autre en soldat vert à la façon de Toy Story et qui mènent leur hold up avec l’aide du petit Sergio, le fils de José, âgé d’une dizaine d’années... puis avec leur cavale en voiture lorsque, alors qu’ils sont poursuivis par la police, José trouve encore le moyen de s’engueuler au téléphone avec son ex-femme.
Il est d’ailleurs très clair dans le film que les femmes, sorcières ou pas, n’ont pas le beau rôle ! On peut d’ailleurs se demander si le réalisateur (également scénariste) n’a pas un compte à régler avec elles, car son film dénonce assez violemment une certaine forme de féminisme, incarné ici par des sorcières qui sont de véritables folles furieuses, prêtes à tout pour imposer le pouvoir des femmes ! Et même le personnage d’Eva, interprété par la charismatique Carolina Bang (on ne voit plus qu’elle dès qu’elle apparaît à l’écran), ne fait pas exception à la règle, avec ses ’sautes d’humeur" particulièrement dévastatrices...
Mais il faut bien avouer que le résultat est plutôt drôle (même si on ne rit pas aux éclats) efficace et plaisant, avec des décors, des maquillages, des éclairages, des effets spéciaux, une photographie d’une qualité étonnante pour un film à 6 millions d’euros (certaines scènes sont superbes). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le film a rafflé 8 Goyas (l’équivalent de nos Césars) en 2014.
Le seul regret qu’on puisse avoir concerne le côté un peu trop bavard du film, avec des personnnages qui donnent l’impression de parler sans discontinuer... La plupart des dialogues sont amusants, mais à la longue, ils finissent s’avérer un peu saoûlants, Les Sorcières de Zugarramurdi durant quand même près de 2 heures. Et on finit par se dire qu’ils rallongent et ralentissent inutilement le film. Il est vrai qu’avec 15 ou 20 minutes de moins, l’humour et l’action du film, plus rythmés, seraient sans doute sortis renforcés. Mais même en l’état, Les Sorcières de Zugarramurdi méritent le détour.