Yesterday
Jack Malik est un jeune auteur-compositeur-interprète sans succès sur le point d’abandonner sa carrière musicale, en dépit du soutien de son amie d’enfance devenue son agent, Ellie. Mais alors qu’il rentre chez lui un soir, un mystérieux blackout touche toute la planète et Jack est percuté par un bus. Une fois rétabli, lors d’une soirée où ses amis lui demandent de chanter une chanson, il interprète Yesterday, des Beatles, et se rend compte que personne n’a jamais entendu cette chanson... ni même entendu parler des Beatles ! Vérification faite sur internet, Jack décide de saisir cette opportunité en s’attribuant les plus grands succès du groupe mythique, que le public va donc découvrir pour la première fois. Mais dans cette aventure qui va le mener à un incroyable succès et une immense célébrité, que va devenir Ellie, qui était secrètement amoureuse de lui ?
Réalisateur de 28 Jours Plus Tard et de Sunshine, Danny Boyle n’est pas un novice dans le domaine du fantastique et de la SF. Pour autant, on ne l’attendait pas sur le terrain d’une comédie romantique musicale et uchronique ! Même si l’uchronie n’est ici qu’un simple prétexte au scénario imaginé par Richard Curtis, éminent spécialiste des comédies romantiques (notamment celles de la grande époque de Hugh Grant, ainsi que les Bridget Jones)...
Partant d’une idée originale (un monde dans lequel les Beatles n’auraient jamais existé), quoi que peut-être inspirée du film Jean-Philippe (dans lequel Jean-Philippe Smet ne devenait pas Johnny Hallyday, au grand dam d’un de ses plus grands fans), Danny Boyle réalise un film léger, très agréable, parsemé de pas moins de 17 titres des Beatles dont l’enjeu bascule progressivement de la carrière du jeune musicien à son histoire d’amour avec son amie d’enfance, selon un schéma des plus classiques en matière de comédie romantique, avec les rebondissements habituels du genre.
Pur hasard ou clin d’oeil à son précédent grand succès (Slumdog Millionnaire), le héros du film est un jeune anglais issu de l’immigration indienne ou pakistanaise portant le même nom de famille (Malik, mais avec un prénom différent), incarné par un acteur portant également le même nom de famille (Patel) mais pas le même prénom !
Choisi notamment pour ses talents de chanteur, Himesh Patel (dont il s’agit du premier long métrage, en dépit d’une carrière débutée en 2007 à la télévision) s’avère parfait dans ce rôle de jeune musicien un peu naïf et à l’air un peu ahuri, tout en restant dans la subtilité et sans jamais trop en faire. Ceux qui connaissent The Big Bang Theory ne manqueront sans doute pas de le comparer à l’acteur Kunal Nayyar, alias Rajesh Koothrappali...
Mais l’humour très british du film de Danny Boyle s’avère plus fin que celui de la série américaine. Certes, on ne s’esclaffe pas, mais on sourit souvent. Comme par exemple lors de la scènes du "meeting des meetings du top marketing", où le dirigeant de la maison de disques explique à Jack que l’idée du White Album est un peu trop "white", avec une couverture comportant un peu trop de blanc et pas assez inclusive...
Les autres acteurs ne sont pas en reste, qu’il s’agisse de Lily James, aperçue dans La Colère des Titans mais surtout vue dans le Cendrillon de Kenneth Branagh, ainsi que dans Orgueil Et Préjugés Et Zombies, de Ed Sheeran dans son propre rôle, le premier réellement significatif de sa carrière après quelques très brèves apparitions (notamment une dans le premier épisode de la saison 7 de Game Of Thrones) et bien entendu de l’excellent Robert Carlyle (formidable Rumplestiltskin de la série Once Upon A Time, mais bien connu aussi des fans de Stargate pour son rôle du docteur Nicholas Rush), dans un rôle qui donnera des frissons à tous les vrais fans des Beatles...
On ne saura jamais ni comment ni pourquoi ces derniers ont disparu (de même que Oasis et Harry Potter) au cours de ce mystérieux blackout, mais là n’est pas le propos du film, n’en déplaise aux amateurs d’étrange... Mais finalement, est-ce si important ? L’essentiel, c’est que tout finisse en happy end, que Jack et Ellie se retrouvent et que le monde puisse profiter librement de la musique des Beatles. Comme dans une comédie romantique, quoi !
La seule question sérieuse que pose le film est la suivante : quel serait aujourd’hui le succès des chansons des Beatles ? On peut se poser la question, quand on voit le palmarès des ventes et autres top 50 ou Energie Music Awards (pour la France)... Mais on peut néanmoins espérer que la bonne musique est intemporelle. Si ce n’était pas le cas, Mozart et d’autres auraient été oubliés depuis bien longtemps ! Et si le film de Danny Boyle a un mérite, c’est bien celui de démontrer qu’il en va de même de la musique créée par John, Paul, George et Ringo... Et rien que pour cela, un grand, un immense merci à Danny Boyle !