La Tour Fantôme 1 & 2
Taichi Amano est un jeune homme au bord de la dépression. Il vit seul, ne travaille pas, ne sort plus de chez lui, est encore puceau et n’a aucune confiance en lui. Jusqu’au jour où son chemin croise celui de Tetsuo, un jeune homme mystérieux qui est presque son opposé, le prend sous son aile et lui propose même un travail, comme gardien de la "tour fantôme", ou eut lieu en 1952 le meurtre d’une femme de 60 ans par sa file adoptive, Reiko, dans des circostances horribles. Taichi accepte... et échappe de peu à une mort identique, sauvé par Tetsuo, qui lui révèle qu’il est persuadé qu’un trésor est caché dans la tour. Taichi et Tetsuo se rapprochent alors du procureur Marube, pour reprendre l’enquete sur le meurtre de 1952, ce qui va les amener jusqu’à une île d’Hiroshima, où ils vont découvrir le terrible secret de la famille du fiancé de Reiko...
Voilà un manga qui démarre sur des bases élevées : une intrigue captivante, avec un meurtre (et une tentative) particulièrement spectaculaire, des dessins nettement au dessus de la moyenne du genre et des personnages plutôt originaux. Taichi est en effet tout sauf un héros, même s’il est attachant et on se rend assez vite compte qu’il est surtout là comme faire-valoir du véritable héros, le mystérieux (et beau et intelligent et courageux, etc) Tetsuo. Mais ce dernier n’est pas ce que l’on imagine, car il se pourrait bien qu’il soit en éalité une femme... et il est clair qu’il en sait bien plus sur la tour fantôme et sur le meurtre de 1952 qu’il ne veut bien le dire à Taichi.
On fait ensuite connaissance avec un procureur assez antipathique, puis avec les proches de la jeune fille censée être coupable du meurtre, puis une sorte de savant fou... et peu à peu, le scénario devient de plus en plus brouillon, au point qu’on a du mal à savoir où l’auteur veut nous emmener. Les mystères s’enchaînent en effet les uns après les autres, sans pour autant apporter la moindre réponse et en mélangeant les genres.
On s’interroge aussi sur la sexualité des personnages (même si ces deux premiers tomes ne comportent aucune scène érotique) et sur les messages que l’auteur essaie de faire passer. Il est déjà assez étonnant d’avoir un héros qui est en réalité une héroïne (sans qu’on sache pourquoi)... mais cela ne semble pas lui suffire puisqu’il introduit un nouveau personnage dans le tome 2 qui a de très curieuses conceptions des mérites comparés des anatomies masculine et féminine. Mais tout cela n’est qu’effleuré, suggéré et on finit donc pas se demander s’il n’est pas question ici d’une forme homosexualité refoulée de la part de l’auteur... ou bien d’une tentative de sa part de faire comprendre certaines choses à demi-mots, afin de contourner une éventuelle censure. Mais dans tous les cas, les choses sont loin d’être claires à l’issue du tome 2 !
Le positionnement de la Tour Fantôme, classé comme "seinen", est tout aussi ambigü. Les personnages sont en effet jeunes, semblent à peine sortis de l’adolescence et Taïchi (qui est encore puceau à ce stade du manga) est souvent dessiné avec un visage assez enfantin, alors que l’intrigue s’adresse plutôt à un public adulte. Et la juxtaposition de moments comiques (le mot est peut-être un peu fort...), généralement centrés sur le personnage de Taichi, et de moments d’horreur, laisse au lecteur un sentiment assez mitigé.
On pourra donc regretter que l’auteur ait essayé de "ratisser large" en s’adressant à tous publics, en mélangeant plusieurs genres. Un scénario plus dépouillé, avec des choix plus affirmés, aurait sans doute été plus efficace. Car à la fin du tome 1, on a envie de savoir ce que le tome 2 nous réserve. Mais à la fin du tome 2, il ne reste plus qu’une légère curiosité... et la crainte que le tome 3 confirme la tendance et s’avère décevant.