La Momie

En Irak, deux soldats américains, Nick Morton et Chris Vail, profitent de la guerre pour faire commerce de pièces archéologiques, qu’ils volent à droite et à gauche. Lorsqu’une frappe aérienne met à jour un ancien tombeau, leur supérieur les place sous les ordres de Jenny, une véritable archéologue que Nick connaît très bien... Mais peu après être descenndu dans le tombeau, Nick commence à être sujet à des hallucinations. Alors qu’ils ramènent un sarcophage, Jenny et Nick sont attaqués par Vail, qui semble possédé. Au même moment, leur avion croise un vol de corbeaux qui provoque son crash. Contre toute attente, après avoir sauvé Jenny en lui donnant le seul parachute disponible, Nick survit au crash...
Fallait-il absolument un reboot de la saga La Momie, plutôt réussie, réalisée dans les années 2000 ? A priori, non. Sauf à changer radicalement d’angle. Les films de Stephen Sommers jouaient à fond la carte de l’action et de l’humour, pour nous offrir une version tous publics de La Momie. Alors qu’aux origines, si on en revient aux premières versions des années 30 avec Boris Karloff et surtout 40 avec Lon Chaney jr., il s’agissait (du moins pour l’époque) de véritables films d’horreur, destinés à faire frissonner les spectateurs.
Ce qu’il faut savoir concernant cette version de 2017, c’est qu’elle est censée marquer le lancement du "Dark Universe", un univers partagé qui devrait permettre demain à Universal de produire des "crossovers" incluant Le loup-garou, la créature du lac noir, l’homme invisible, Frankenstein et sa fiancée, Dracula et Van Helsing, à la manière des Avengers de chez Marvel ! C’est ce qui explique la soudaine apparition dans le film du docteur Jekyll, à la tête d’une organisation plus ou moins occulte chargée de lutter contre le mal sous toutes ses formes (une sorte d’équivalent du Shield dans l’univers des super-héros), qui fera sans doute le lien entre les différents films à venir de la franchise Dark Universe (puisque le film, même s’il est loin de battre des records au box office, s’est avéré largement rentable).
Malheureusement, La Momie ne tient pas tout à fait ses promesses. Même si le film joue davantage la carte de l’horreur que ceux de la saga de Stephen Sommers, cela ne va pas très loin... bien moins loin, par exemple, qu’un série TV comme Walking Dead (puisqu’il y a quelques zombies dans cette version de La Momie), l’objectif étant bien entendu de rester dans une forme d’horreur très "grand public", presque familiale ! Quant à l’irruption de l’agence du docteur Jekyll dans le scénario, elle tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et risque fort de perturber bon nombre de spectateurs, qui n’ont jamais entendu parler du projet Dark Universe (à la différence des fans de Marvel, habitués de longue date au principe des "crossovers").
Pour le reste, Tom Cruise (toujours bondissant à 55 ans) et Russel Crowe font le job, comme Sofia Boutella, une nouvelle fois excellente après sa prestation remarquée et remarquable dans Star Trek : Sans Limites. Quant à Alex Kurtzman, scénariste et producteur de talent, il ne s’en sort pas si mal pour son premier blockbuster.
Il faudra toutefois faire mieux, voire beaucoup mieux, pour faire passer l’idée ambitieuse de ce Dark Universe qui n’a rien d’évident et de naturel pour un public qui n’est sans doute pas mûr pour voir demain Dracula affronter Frankenstein, un combat qui pourrait être arbitré par un loup-garou et une momie, manipulés par le docteur Jekyll...