Capitaine Sky et le Monde de Demain

On pourrait décrire Capitaine Sky comme une uchronie. En effet, l’hisitoire se déroule dans une sorte de "passé parallèle". Mais les uchronies ont généralement un contenu historico / politique, alors qu’ici le scénario n’est qu’un prétexte à la conception d’un formidable univers visuel, une sorte de patchwork de références diverses et variées, provenant de plusieurs périodes du cinéma et de la bande dessinée.
En 1939, un mystérieux docteur Totenkopf (tête de mort, en allemand) lance d’étranges machines volantes et des robots gigantesques à l’attaque de points névralgiques du monde entier. Leur but : capturer des scientifiques, s’emparer de ressources énergétiques, minérales ... Une détective, Polly Perkins (Gwyneth Paltrow) décide d’enquêter et fait appel à son ancien amant, le fameux Capitaine Sky (Jude Law), un héroïque pilote d’avion, célèbre redresseur de torts à la tête d’une puissante organisation !
Voilà pour le scénario ... qui n’est de toute manière pas le principal intérêt de ce film.
L’intérêt de ce Capitaine Sky, vous pouvez le voir dès les premières secondes de la bande annonce : il s’agit d’un parti-pris esthétique qui nous plonge dans les origines du cinéma et nous rappelle des images du Métropolis de Fritz Lang (1927) ou des Mondes Futurs (Things to Come, de Wiliam Cameron Menzies, 1936) avec une photographie proche du noir et blanc et un design très rétro des décors, des véhicules et des différentes machines (zeppelins, avions à hélice, robots tels qu’on pouvait les imaginer aux débuts de la SF) ...
Mais Kerry Conran ne s’arrête pas là, car ses références sont innombrables : film noir avec une héroïne détective, film de guerre avec un héros pilote d’avion de chasse, film d’aventures avec des dinosaures façon Lost World (la première adaptation de ce roman dArthur Conan Doyle remonte à 1925), décors gigantesques rappelant l’incroyable machinerie des Krells de Planète Interdite, personnages à la James Bond (le scientifique mégalomane préparant la fin du monde et les belles femmes gravitant autour du héros, que ce soit pour le protéger ou pour le tuer... ). Et il ne faudrait pas oublier ses références à certaines bandes dessinées, notamment "Magnus, Robot Fighter" créé en 1963, ainsi que les comics de Nick Fury, ici transposé dans le personnage féminin de "Franky" Cook (Angelina Jolie, portant elle aussi un bandeau sur un oeil) et dont on retrouve l’idée d’une base volante gigantesque.
Rassurez-vous : même si ne connaissez aucune des références citées ci-dessus, le film reste tout à fait plaisant à regarder, car il ne ressemble à aucun autre ! Le seul (léger) défaut qu’on pourrait lui trouver serait éventuellement le jeu des acteurs, que l’on sent un peu mal à l’aise et qu’on a connus plus inspirés (notamment Jude Law, dans Bienvenue à Gattaca, eXistenZ ou A.I.)... ce qui peut se comprendre quand on sait que le film a été tourné intégralement devant des écrans bleus, les décors ayant été incrustés ensuite.
Mis à part cette petite restriction il faut avouer que, pour ceux qui ont connu cette époque où on imaginait l’an 2000 rempli de robots et de machines volantes dans les rues, Capitaine Sky est porteur d’un charme et d’une nostalgie qui seront difficilement perceptibles à ceux qui ont aujourd’hui moins de vingt ans... moins de trente moins ... et peut être même aux moins de quarante ans !
Un peu comme la reproduction d’un vieux jouet en fer blanc : ça rappelle de bons souvenirs aux plus anciens, mais ça n’empêche pas les gamins de jouer avec
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Cerise sur le gâteau (comme on dit chez Groupama), la fin du film est une des plus inattendues et des plus drôles jamais vues. Et quand je dis "la fin", c’est bien de la toute dernière image qu’il s’agit !