L’armée des morts (Dawn of the Dead)
Que peut-il y avoir de plus gonflant qu’un film de morts vivants ? Je veux dire, une fois qu’on a dépassé l’adolescence et qu’on en a déjà vu deux ou trois ? Un film de vampires, peut être ? Les deux genres ont en effet en commun d’être hélas terriblement prévisibles. Donc pas moyen d’échapper aux clichés, qui dans le cas des morts vivants sont : la contamination par la moindre morsure, l’air hagard et la démarche saccadée (rigidité cadavérique oblige), le cannibalisme avec un goût prononcé pour la cervelle humaine, et la relative invulnérabilité des morts vivants ... et malheureusement aussi dans la plupart des cas, un scénario épais comme une feuille de papier, de pauvres effets spéciaux, et de soi-disant références aux précédents opus, pourtant tous aussi consternants les uns que les autres, n’en déplaise aux fans de George Romero. Mais pour ce qui est de l’Armée des Morts, dès les premières images, on se rend compte qu’on a affaire à quelque chose de différent ...
Ca tient à quoi ? A pas grand chose ... Mais la toute première scène du film nous place d’entrée de jeu dans une ambiance de fin du monde qui n’a rien de factice.
Après 5 minutes destinées à nous montrer à quel point l’une des héroïnes mène une petite vie bien tranquille dans une de ces banlieues pavillonnaires sans histoire ... on (ou plutôt elle) se retrouve plongée dans un cauchemar. Réveillée par une petite fille (la sienne ? On n’aura pas le temps de le savoir) qui a la bouche en sang et se jette sur son compagnon pour le mordre sauvagement au cou, elle parvient à se débarrasser de la première, avant d’assister à la mort du second ... et à sa ressuscitation en mort vivant quelques instants plus tard.
Et lorsqu’elle sort de sa maison, c’est pour se rendre compte que le quartier, toute la ville, ont sombré dans l’horreur. Entre les voisins fous de terreur qui ont sorti leurs armes pour se protéger, les voitures folles qui fauchent les piétons avant de se jeter dans le décors, les incendies qui se sont déclarés un peu partout, elle ne sait plus où donner de la tête. Elle devra prendre sa voiture, semer son ex, qui va un instant courser sa voiture avant de se jeter sur une proie moins rapide (humour noir, je vous disais ...) et zig-zaguer entre les épaves d’autres voitures en feu... avant de rejoindre nos autres héros qui, tous, finiront (dans un premier temps) dans un centre commercial.
Inutile d’entrer dans le détail ... mais encore deux exemples de cet humour noir si efficace : une des femmes du groupe, qui a hélas été mordue auparavant, donne naissance à un ... quoi au juste ? Mort-né vivant ? Peu importe. La scène qui suit viole un des plus grands tabous d’hollywood qui veut qu’on ne touche jamais à un enfant, encore moins en bas âge ... mais celui-là sera purement et simplement abattu !
Et que dire de cette scène de tir au pigeon, dans laquelle nos héros, qui dialoguent à l’aide d’un talkie-walkie avec un refugié isolé sur le toit d’une armurerie, s’amusent à prendre des paris alors que l’isolé en question joue les snipers en tirant dans la tête des morts vivants attroupés en dessous ? Non, vraiment, il y a quelque chose dans le ton, la réalisation, qui permettent d’espérer que ce Zack Snyder, après avoir réussi à renouveler un genre pourtant assez désespérant, nous pondra dans l’avenir un véritable chef d’œuvre.
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