Blindness
Une étrange épidémie se déclare, rendant aveugle tous ceux qui sont infectés. Devant la menace, avant que toute la population soit touchée, les autorités décident d’enfermer et d’isoler les malades. Pour eux, la perte de la vue n’est alors que le début d’une terrible descente aux enfers ...
Ceux qui ont lu Le Jour des triffides de John Wyndham ou qui ont vu le film qui en a été tiré en 1962 le savent : notre civilisation ne tient qu’à un fil... en l’occurence notre nerf optique. Enlevez la vue à l’homme et il peut alors devenir la proie de plantes carnivores telles que les triffides... ou tout simplement, comme dans Blindness, abandonner peu à peu tout sens moral dans une lutte désespérée pour la survie.
Placés en quarantaine et livrés à eux mêmes, quelques dizaines de victimes du virus vont devoir s’organiser pour survivre. Mais aveugles ou pas, chassez le naturel et il revient au galop... et l’un d’eux, le seul à disposer d’une arme, ne tarde pas à prendre la tête du dortoir numéro 3, avant de prendre le pouvoir sur les autres dortoirs en mettant la main sur le stock de nourriture. Pour manger, les autres vont devoir se plier à sa volonté ... jusqu’à livrer leurs femmes aux hommes du dortoir 3. Mais tous ignorent qu’une femme, parmi eux, a gardé la vue...
Sur la forme, la grande idée du film (et du scénario) est d’imaginer un nouveau type de cécité. En effet, ceux qui sont atteints par la maladie ne voient plus que ... du blanc ! Imaginez vous perdu sur la banquise, par temps de brouillard, avec un ciel blanc et vous aurez une vague idée de ce que peut cela représenter... sans parler des ours polaires ! Plus sérieusement, cette idée confère au film une touche d’irréalité assez surprenante, renforcée par de nombreux effets, très discrets mais remarquablement efficaces, destinés à nous faire ressentir ce que la cécité peut avoir d’handicapant. C’est ainsi que des éléments entiers du décor, ou encore des obstacles imprévus, apparaissent soudainement à l’écran, là où on pensait qu’il n’y avait rien. Une idée tout simplement géniale.
Sur le fond, Blindness est tout aussi remarquable de subtilité et de sensibilité. Rien n’est montré, tout est suggéré, que ce soit par le talent du réalisateur ou le jeu des acteurs. Car même si une Julianne Moore, particulièrement inspirée crève l’écran, l’ensemble du casting, très international (brésilien, mexicain, canadien) est à féliciter. On retrouve même avec un certain plaisir Danny Glover (le fameux Roger Murtaugh de la saga de l’Arme Fatale qui avait délaissé la SF depuis Predator 2 en 1990) !
Et même si Blindness se termine bien - presque contre toute attente - rien à voir avec les traditionnelles "happy endings" hollywoodiennes. D’ailleurs, l’ensemble du film est assez désespérant ... et certaines scènes ne sont pas recommandées aux plus jeunes. Vous voilà donc prévenu : Blindness, c’est de l’anticipation pour un public averti. Mais aussi et surtout un excellent film !
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