Amityville : La Maison du Diable
La grande idée du film fut de s"ispirer de faits bien réels : le massacre d’une famille entière dans une maison d’Amityville, revendue peu de temps après à une autre famille, qui ne tarda pas à signaler d’étranges phénomènes qui finiront par les pousser à tout abandonner et à quitter pour toujours leur maison. Arnaque d’une agence immobilière diabolique ? On ne le saura jamais ... mais le film eut aux Etats Unis un formidable retentissement, au point de donner naissance à une véritable saga. En France, l’engouement fut bien moindre ...
Amityville fait partie de ces films fantastiques qu’on peut qualifier de réalistes, tant le fantastique y est discret, presque uniquement suggéré. A ce titre, Amityville a sans doute amené au fantastique de très nombreux spectateurs qui jusque là considéraient le genre comme du cinéma de seconde zone. A l’exception de quelques rares scènes, tout ce qui est montré à l’écran peut être interprèté comme une manifestation surnaturelle ... ou pas ! Des insectes qui s’agglutinent sur une fenêtre, une fenêtre d’ailleurs récalcitrante et qui se coince quand on voudrait l’ouvrir et se décoince quand il ne faut pas, des portes qui se ferment comme sous l’effet d’un courant d’air... rien de bien affolant pour un esprit cartésien !
Ca en devient d’ailleurs presque agaçant, tant on reste sur sa faim pendant la majeure partie du film et ce d’autant plus que les violons stressants de Lalo Schifrin se déclenchent pour un oui, pour un non... Au début cela fonctionne, puis on finit par se lasser, voire par s’énerver devant ce procédé à la fois facile et contre-productif . Un chien aboie... un chait miaule... une porte se ferme...un incident anodin et sans conséquences se produit .... autant de non-événements qui déclenchent à chaque fois les violons ! Du coup, la bande son perd toute son efficacité.
Heureusement, sur la durée, la tension finit quand même par monter, même si tout cela n’effraierait aujourd’hui sans doute pas un enfant de 12 ans ! Mais il faut reconnaître que Stuart Rosenberg (qui n’est tout de même pas le premier venu*) n’a sans doute pas cherché à réaliser un film d’horreur mais plutôt un film fantastique plus proche de l’esprit d’un Rosemar’ys Baby que de celui d’un Exorciste...
Il faut donc lui accorder quelques belles réussites dans ce film, à commencer par la fameuse maison au design si particulier, devenue la véritable "star" de la saga.
Il faut également rendre hommage au casting, en particulier à James Brolin (vu peu de temps avant dans Enfer Mécanique) qui parvient à éviter le ridicule en polo / slip kangourou (ces dames apprécieront ... ou pas !) et à Margot Kidder (future Lois Lane de la saga Superman), qui parvient à nous communiquer son angoisse, même lorsqu’elle se retrouve affublée de couettes étonnantes...
On regrettra quand même la fin grandguignolesque et peu crédible, conclusion certes relativement logique mais totalement en décalage avec la retenue dont le film avait fait preuve jusque là. Stuart Rosenberg aurait peut être dû assumer ses choix jusqu’au bout, ne pas céder à la facilité et laisser la place à l’ambigüité et à l’interprétation du spectateur.
Mais ne faisons pas les difficiles et ne boudons pas notre plaisir. A condition de ne pas en attendre de grands frissons de peur, Amityville reste un spectacle plaisant, aujourd’hui devenu un classique du cinéma fantastique, même s’il n’atteint pas le niveau de Rosemary’s Baby ni le statut de film culte de l’Exorciste !
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* cela n’a rien à voir avec les sujets traités sur ce site, mais il est le réalisateur de l’excellent Luke La Main Froide, qui a donné à Paul Newman un de ses plus beaux rôles.
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