Nous Sommes La Nuit (Wir Sind Die Nacht)
Lena est une jeune délinquante sur le point de se faire arrêter par la police, en la personne d’un charmant inspecteur... mais son destin va basculer lorsqu’elle rencontre la troublante Louise, qui va faire d’elle une vampire, accompagnée de Nora et Charlotte. Lena devient alors immortelle et une nouvelle vie commence pour elle, faite de luxe, de plaisirs et d’insouciance. Mais elle va rapidement découvrir que la vie de vampire n’est pas si simple et pas si rose (ou rouge) que cela ...
Au vu de l’affiche, on pouvait craindre le pire. Encore une bande de filles au look gothique, investies de pouvoirs magiques, filmées par un réalisateur sans imagination utilisant le prétexte d’un scénario indigent pour nous les montrer sous toutes les coutures et de préférencer les plus affriolantes ?
En fait, pas du tout ! Nous Sommes La nuit s’avère plutôt original et assez bien troussé, suffisamment en tout cas pour se démarquer de la production vampirique désormais habituelle avec un certain style, qui pourrait bien valoir au film - même s’il ne révolutionne pas le genre - le statut de culte auprès de la génération d’ados qui vont le découvrir au moment de sa sortie.
Décors urbains, voitures de sport prestigieuses, ambiance night club, musique techno comme les allemands savent en faire (dans le genre électro-pop-industriel, un des atouts du film), montage nerveux façon vidéoclip*, sans oublier bien entendu 4 jolies filles, chacune dans un genre différent, qui entretiennent entre elles des raports très ambigüs : voilà un fillm fait pour les ados, tout à fait dans l’air du temps et qui bénéficie d’un scénario pas si idiot que ça...
Car si les 4 filles vivent entre elles (ainsi que quelques dizaines d’autres comme elles dans le monde) , il y a une bonne raison à cela. D’une part, elles ont supprimé tous les vampires masculins et d’autre part, elles veillent à ne pas transformer en vampires d’autres hommes ! Evidemment, cela a quelques conséquences sur leur vie amoureuse, puisqu’elles sont condamnées à voir vieillir leur partenaire, un peu comme le personnage de Catherine Deneuve dans Prédateurs ou celui de Christophe Lambert dans Highlander... Dur, dur, d’être immortel.
En y réflechissant bien, on se dit d’ailleurs cette hypothèse n’est pas si bête que ça. Après tout, il est bien connu que les femmes maîtrisent mieux leurs pulsions que les hommes... Il en serait sans doute de même avec la soif de sang et on peut donc penser que des femmes seraient bien plus capables de mener leurs vie de vampire en toute discrétion que leurs homologues masculins, certes sévèrement burnés mais mordant tout ce qui passe sans aucun discernement...
Heureusement il y a une morale dans tout cela ! Car que deviendraient les femmes, sans les hommes ? Pas grand chose, apparemment et c’est sans doute la raison pour laquelles nos quatre vampires vont connaître un destin plutôt tragique. Une morale un peu misogyne, peut être ? Sans doute... avec aussi en filigrane l’idée qu’une vie sans contraintes et sans fin ne vaudrait finalement peut être pas la peine d’être vécue.
C’est donc une "mention bien" pour ce petit film de vampires qui reprend, sans s’éterniser dessus, la plupart des conventions du genre (sensibilité à la lumière, transformation par la morsure, soif de sang, invicibilité et force surnaturelle) tout en parvenant à renouveler un peu le genre, de manière finalement assez subtile et divertissante.
Le film a remporté 2 Lolas ( l’équivalent allemand des Cesar), un pour la musique et l’autre pour le montage.
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