Grace

Madeline et Michael se préparent à accueillir, comme on dit, un heureux événement. Mais Madeline, aux convictions écolo / new age prononcées, se refuse à un suivi médical et à un accouchement classique à l’hôpital, préférant être suivie par Patricia, une sage femme de sa connaissance et qui partage ses idées. Elle s’oppose en cela à sa belle-mère, une femme au fort caractère et qui ne jure que par son médecin de famille, le docteur Sohn. Et lorsqu’elle perd son mari et son bébé dans un accident de voiture, elle décide en accord avec son amie Patricia de mener néanmoins à terme sa grossesse. Contre toute attente, son enfant revient à la vie. Mais Madeline va rapidement se rendre compte qu’il est... différent.
On aura rarement vu dans un film une aussi belle brochette de personnages plus ou moins névrosés. Madeline, bien entendu, qui va accepter l’insupportable pour garder son fils, ayant été traumatisée par plusieurs fausses couches... mais aussi sa belle-mère, qui n’a jamais accepté de ne plus allaiter ; son beau-père, véritable lavette incapable de remettre sa femme à sa place ; son amie Patricia, avec laquelle elle aurait eu une relation dans le passé et qui vit désormais avec son assistante atteinte de jalousie maladive ; le docteur Sohn, dont la compétence est apparemment un lointain souvenir et dont on finit par comprendre qu’une erreur médicale l’a placé dans une situation délicate...
Tout cela contribue à créer une ambiance assez particulière de tension entre les différents personnages, qui va les amener inexorablement à s’entretuer, pour le plus grand bien du bébé de Madeline.
Car celui-ci - et là je recommande à tous ceux qui n’aiment pas les "spoilers" de sauter ce paragraphe - a une façon bien à lui de se nourrir... du sang de sa mère ! Celle-ci tentera, mais en vain (et en abandonnant sans aucun scrupule ses convictions végétariennes) de le nourrir de sang animal, mais c’est bien de sang humain dont il a besoin. Et on comprend rapidement que le sang de Madeline finira par ne plus suffire, la santé de celle-ci se dégradant rapidement.
Le sang est d’ailleurs présent dans tout le film, que ce soit par le gros plan sur un morceau de viande destiné à son mari, ou encore lors de son accouchement. Âmes sensibles s’abstenir, donc, d’autant que ce sang provient de parties intimes auxquelles les films fantastiques, même d’horreur, s’attaquent rarement et que le principal protagoniste de ces scènes assez pénibles n’est autre qu’un bébé !
Ce qui est particulièrement fort dans Grace, c’est qu’on a du mal à trouver ne serait-ce qu’un seul film auquel le comparer. On pourrait citer Rosemary’s Baby pour l’ambiance pesante due à l’environnement de Madeline, du moins jusqu’à son accouchement. On pourrait citer le bébé tueur du film Le Monstre Est Vivant, mais dont le sujet est quand même très différent... et c’est à peu près tout !
Un grand bravo à Paul Solet, donc, réalisateur inconnu ayant également signé le scénario du film ainsi qu’à Jordan Ladd *, habituée aux productions les plus horrifiques avec Cabin Fever et Hostel - Chapitre 2 et qui porte le film sur ses frèle épaules avec beaucoup de conviction et de sobriété, à l’image d’un film qui suggère l’horreur bien plus qu’il ne la montre. Mais finalement, pour le spectateur, c’est peut être pire encore ...
Pour la petite histoire, elle est la petite fille d’Alan Ladd et la fille de Sheryl Ladd (la remplaçante de Farrah Fawcett dans la série Drôles De Dames) !