Morse (Lat den Rätte Komma in)
De deux choses l’une : soit on connaît bien le cinéma fantastique et dans ce cas, on voit clairement les grosses ficelles utilisées par le scénariste et le réalisateur et on s’ennuie, soit on ne connaît pas le cinéma fantastique et là, on peut prendre un certain plaisir avec un scénario qui peut sembler original ; mais la réalisation étant ce qu’elle est, on s’ennuie tout autant !
A 12 ans, Oskar est la tête de turc de ses camarades de classe. Introverti, il rêve de vengeance mais semble (heureusement) incapable de passer à l’acte... Un soir, il fait la connaissance d’une jeune et nouvelle voisine, aussi solitaire que lui, très pâle, ne sortant que de nuit et ne craignant pas le froid de l’hiver suédois ! Lorsqu’il se rend compte que son arrivée dans le quartier coïncide avec d’étranges meurtres et disparitions, Oskar comprend à qui - ou à quoi - il a affaire ...
J’en vois déjà qui vont s’extasier sur le scénario génial, original ... mais ne faisons pas plus longtemps durer le suspense : l’intrigue de Morse n’est ni plus ni moins qu’un habile mélange d’Entretien Avec un Vampire (le roman d’Ann Rice comme son adaptation cinématographique) et des Prédateurs de Tony Scott, auxquels Tomas Alfredson et John Ajvide Lindqvist (l’auteur du best seller à l’origine de Morse) empruntent les deux idées majeures leur film : celle d’une vampire "enfermée" dans le corps d’une pré-ado (le personnage de Claudia dans Entretien avec un Vampire) et celle d’un compagnon / amant / assistant humain, déjà explorée par Catherine Deneuve et David Bowie dans les Prédateurs.
Oui mais, me dira-t-on, le personnage d’Oskar est émouvant et fascinant et ... Ah oui, effectivement, pour celui qui n’a jamais rencontré au cinéma le cliché de l’ado timide et maltraité par tous les petits durs de son école, effectivement, ça peut sembler une idée intéressante ! De ce point de vue là, on ne peut que regretter que le réalisateur n’aie pas davantage exploité son petit côté serial killer en puissance...
Oui, mais la photo, les paysages... c’est sombre et blanc en même temps, désertique et froid. Oui, bon, OK : c’est la Suède ! Et alors ?
Les plus pervers tenteront alors de m’amadouer en citant Guillermo Del Toro qui qualifie Morse (c’est sur la jaquette, alors ça doit être vrai) de "film le plus poétique et le plus obsédant qui soit". C’est ennuyeux, car Guillermo Del Toro est une pointure, un réalisateur capable du meilleur comme du meilleur et qui, en outre, doit en connaître un rayon pour ce qui est de la poésie et des obsessions, les deux étant amplement représentés dans son oeuvre (Le Labyrinthe de Pan, pour ne citer qu’un seul de ses films). Seulement, voilà : la poésie, comme les obsessions, ne sont pas universelles et ce qui est poétique et obsédant pour l’un peut parfaitement laisser froid l’autre... Et puis, poésie, est-ce nécessairement synonyme de lenteur et de plans qui s’étirent inutilement en longueur ? Les arbres suédois (ce n’est qu’un exemple parmi d’autres) sont-ils vraiment si beaux ? A moins que le film aie été coproduit par Ikéa...
Si Morse a une qualité, c’est avant tout au talent de ses deux jeunes "héros" qu’il le doit. Kare Hedebrant (Oskar) comme Lina Leandersson (Eli) réalisent tous deux dans ce film une véritable performance d’acteurs... et permettent au film de tenir à) peu près debout en le portant à bout de bras. Mais à peu près seulement, car malheureusement, l’ennui guette le spectateur à tous moments. Il y a clairement, sur les deux heures de film, une bonne demi-heure en trop, peut être même davantage...
Bref, vous l’aurez compris, les prix remportés et la critique unaniment enthousiaste ne sont que fumisterie et poudre aux yeux. Pourquoi ? Comment ? Peu importe... Morse est un film dont vous pouvez vous passer, sauf si vous êtes fermement déterminé (ce qui ne serait pas une si mauvaise idée, cela dit) à passer en revue l’intégrale des films primés à Avoriaz / Gerardmer. Mais vous verrez que le cru 2008 laisse à désirer ...
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Pour ceux qui connaissent mal les vampires, sachez que selon la légende, ces créatures ne peuvent pénétrer chez quelqu’un que si elles y sont invitées (ce que les vampires obtiennent généralement par une forme d’hypnose). D’où le titre en VO : laisse moi entrer (à peu de choses près)...
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