Vidéodrome
David Cronenberg est un réalisateur dont les fantasmes sont tenaces, et ressortent depuis le début de sa carrière dans la plupart de ses films majeurs, dont celui-ci. On retrouve ses thèmes de prédilection que sont les tranformations physiques, les mutations, les interactions entre le biologique et le technologique dans Videodrome, mais aussi dans Chromosome 3, dans La Mouche, dans eXistenZ... mais c’est dans Vidéodrome qu’il est allé le plus loin, à une époque où le public n’était pas vraiment habitué à ce genre de délire ...
Max Renn (l’excellent James Woods) est à la tête d’un chaîne de télévision spécialisée dans l’érotisme et la pornographie, toujours à la recherche de nouveautés.
Interviewé sur le plateau d’une émission, Renn fait la connaissance d’une animatrice d’une émission de radio, Nicki Brand, qu’il séduit. Alors qu’ils décident de visionner ensemble une cassette porngraphique, Nicki en choisit une au hasard ... et tombe sur un étrange programme, Vidéodrome, d’un sado-masochisme extrême. Troublé, Max Renn se demande s’il ne s’agirait pas d’un "snuff movie", ces films illégaux où rien n’est simulé... y compris, parfois, la mort des acteurs.
Mais Nicki, qui apprécie le sado-masochisme, devient accro à ce programme et veut aller plus loin en y participant ! Et Max, qui cherche à entrer en contact avec les producteurs du programme, finit par recevoir une étrange cassette du professeur O’Blivion, un mystérieux théoricien des média qui ne communique par par écran interposé, qui lui apprend que Videodrome développe chez ceux qui le regardent une tumeur... et peut être même un nouvel organe qui modifient leur perception du monde ! Et le fait est que pour Max Renn, la cassette, ainsi que le magnétoscope dans lequel il l’a introduite, deviennent vivants.
C’est pour Max Renn le début d’une série d’hallucinations ... à moins qu’il ne s’agisse de la réalité ?
Même 25 ans après sa sortie, les images et les thèmes développés par Vidéodrome restent dérangeants, encore davantage que ceux d’eXistenZ, et le film n’a rien perdu de sa force. Les scènes les plus marquantes (la cassette "vivante" introduite dans l’abdomen de Max Renn , ou celle de sa main fusionnant avec le revolver) ne sont pas pourtant pas horrifiques... mais profondément perturbantes. James Woods y est parfait, de même que la suprenante Deborah Harry (la chanteuse du groupe Blondie).
Au delà de ça, Cronenberg soulève dans ce film un certain nombre de questions ... et oblige le specteteur à se les poser, lui aussi, ce qui est très fort ! Quant aux réponses... elles ne sont pas évidentes, jamais imposées et le film laisse à chacun une grande liberté d’interprétation, sans pour autant tomber dans le piège de la "fin en queue de poisson". Du grand Cronenberg et du grand art, donc !
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