Derrière Les Murs
Dans les années 20, une jeune écrivain au look (de l’époque) très parisien vient se réfugier dans un petit village d’Auvergne pour fuir le souvenir de la mort de sa petite fille et tenter de trouver de l’inspiration pour écrire un nouveau roman, à l’aide de produits illicites... Contre toute attente, elle finit par la trouver... au sol-soul de la maison qu’elle a loué, où elle installe son bureau. Mais alors qu’elle est perturbée par des visions de plus en plus inquiétantes, des jeunes filles du village disparaissent...
Pour leur premier long-métrage, Julien Lacombe et Pascal Sid ont choisi le film de genre, un choix plutôt audacieux quand on sait l’accueil que la critique réserve généralement à de tels films en France ! En plus, ils ont choisi de le réaliser en 3D (une première pour un film "live" français !) et avec une tête d’affiche, en la personne de Laetitia Casta, qui ne pouvait qu’attirer l’attention.
C’était "couillu"... malheureusement, le résultat est loin d’être au niveau des attentes. Passe encore pour la 3D, utilisée ici de manière plutôt intelligente, pour favoriser l’immersion du spectateur plutôt que pour les effets faciles et bien connus que permet cette technologie, en particulier dans les scènes d’horreur.
Le choix de Laetitia Casta, en revanche, s’avère bien plus problématique. L’ex-top model, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai au cinéma, traîne ici pendant 90 minutes une inexpressivité consternante. Est-ce voulu ? Cela correspond-il à un choix des réalisateurs ? Difficile à dire. Mais toujours est-il que cela confère au film une platitude impressionnante. Son personnage n’éveille aucune émotion, ni compassion, ni sympathie, ni ... rien. On ne parvient même pas à s’intéresser à cette pourtant jeune et jolie romancière, qui semble traverser le film tel un zombie. Affichant le même visage dans les moments de tristesse, d’angoisse ou de détresse que quand elle fume une cigarette ou va faire ses courses au village, elle livre ici une prestation digne... d’un mannequin sur un défilé de mode !
C’est dommage car techniquement, le film est plutôt réussi avec des décors et des costumes tout à fait crédibles (rappelons que le budget n’était "que" de 3,7 millions d’euros), une photographie plutôt soignée et élégante et une réalisation pas maladroite du tout. Mais le problème (outre celui de l’actrice) est ailleurs...
Dans une interview, Julien Lacombe et Pascal Sid déploraient avec une amertume non dissimulée l’impossibilité de faire un film de genre en France sans se faire démonter par la critique. La question mérite sans doute d’être posée mais n’ont-ils pas, eux-mêmes, considéré le film de genre comme une solution de facilité ? C’est en tout cas l’impression qu’on peut avoir au vu de leur scénario un peu brouillon et finalement incompréhensible. On peut ironiser sur le scénario de films tels que Destination Finale 5, de Scream 4 ou d’Halloween 6... mais il faut aussi se souvenir de la qualité des scénarios du premier Destination Finale, du premier Scream ou du premier Halloween ! Et il ne suffit pas pour réaliser un bon film de genre, comme en font depuis plusieurs années de nombreux réalisateurs espagnols* ou anglais, d’enfiler les clichés pour former péniblement une intrigue trop prévisible et qui sent le déjà-vu à plein nez... tout en restant finalement incompréhensible (en tout cas pour le spectateur).
S’il y avait un conseil à donner aux deux réalisateurs, qui ne manquent sans doute pas de talent et qu’on aimerait donc revoir aux manettes d’un deuxième film du même genre, ce serait de mettre de côté le clinquant et le bling bling pour se concentrer sur l’essentiel. Un acteur (ou une actrice) ne suffit pas à assurer le succès d’un film, pas plus qu’une nouvelle technologie, aussi spectaculaire soit-elle, même si tout cela facilite sans doute les démarches auprès des producteurs ! Un bon scénario écrit par un scénariste confirmé, serait sans doute un bien meilleur investissement... et ce ne sont pas les bons acteurs (même inconnus) qui manquent en France. Imaginez Derrière Les Murs en 2D traditionnelle, avec un scénario retravaillé par un bon spécialiste et une actrice qui rendrait le pesonnage attachant et touchant... On ne serait pas loin d’une vraie réussite !
* Derrière Les Murs vous fera immanquablement penser (si vous l’avez vu bien entendu) au film d’Alejandro Amenabar, Les Autres, avec Nicole Kidman, pour son ambiance (mais hélas pas pour son scénario).