Maléfique
Carrère, un chef d’entrerprise ayant détourné des fonds, partage une cellule avec un transsexuel du nom de Marcus, un simple d’esprit surnommé Paquerette et Lassalle, un intellectuel devenu bibiothécaire de la prison. Alors que Marcus prépare une tentative d’évasion avec Paquerette, ils découvrent un vieux manuscrit rempli de dessins et de textes étranges, dissimulée dans un mur, laissé par Danvers, un prisonnier ayant mystérieusement disparu dans les années 20. Rapidement, ils se rendent compte que les rituels décrits dans le livre fonctionnent et décident de s’en servir pour s’évader. Mais il y a un prix à payer quand on utilise la magie noire...
Pour un premier film, on peut dire qu’Eric Valette, amateur de films fantastiques, a fait fort ! Avec des moyens minimalistes puisqu’il s’agit d’un huis-clos à quatre acteurs dans une cellule de prison, il nous tient en haleine pendant 90 minutes, avec un scénario plus riche qu’il n’y paraît au premier abord.
Certes, on peut se demander si la co-existence dans une même cellule d’un chef d’entreprise (ceux-ci bénéficient souvent d’un traitement de faveur...) d’un transsexuel, d’un simple d’esprit (qui aurait davantage sa place dans un hôpital psychiatrique) et d’un bibiothécaire, est très réaliste... on peut espérer que non et que les responsables de nos prisons font un peu plus d’efforts pour regrouper les prisonniers par affinités, en fonction de leurs délits ou crimes dont ils ont été reconnus coupables ou encore selon la durée de leurs peines !
Mais il faut avouer que même si elle est improbable, la réunion de ces quatre personnages aussi différents que possible les uns des autres offre au scénariste des perspectives qu’il ne manque pas d’exploiter ! C’est ainsi qu’il parvient, ce qui n’est pas un mince exploit en matière de film d’horreur, à nous proposer tout au long du film des développements plutôt imprévisibles, tout en gardant une base classique. Pourquoi classique ? Parce que le thème du livre de magie noire a été de nombreuses fois déjà exploité, à commencer par Lovecraft avec son Necronomicon... et ça tombe bien, car le film fait référence à l’oeuvre de ce maître de l’horreur en citant clairement, au cours d’un rituel, le nom de Yog-Sothoth !
Pas question, donc, de dévoiler ici ce qui fait le principal intérêt de ce film original, réalisé avec une belle maîtrise par un jeune réalisateur dont c’était le premier long-métrage, pour un budget de 1 million d’euros ! Mais rassurez-vous, le scénario tient la route jusqu’à une fin astucieuse, à la fois terrifiante, amusante et sympathique ! Et puis, quel plaisir de voir le numéro d’acteur de Clovis Cornillac (vu également dans Eden Log) dans ce rôle pourtant sans doute pas évident de transsexuel à la fois sensible et brutal, cherchant parfois à se féminiser et parfois à se muscler en vue de son évasion, qui n’en fait jamais trop et ne tombe jamais dans la caricature.
Voilà donc un prix spécial du jury, obtenu au festival de Gerardmer, parfaitement mérité ! On comprend d’autant moins qu’Eric Valette ait pu pondre quelques années plus tard un nanar tel que Hybrid... mais c’est une autre histoire. Maléfique, lui, est une vraie réussite.