Nothing
Andrew et Dave sont deux amis d’enfance et deux losers. Le premier est agoraphobe et ne peut sortir de chez lui. Le second est un musicien raté et sans emploi, qui n’a d’autre solution que de se faire héberger par son ami. Peu à peu, toutefois, tous deux trouvent leur place dans la société. Andrew développe une petite activité d’agent de voyage par téléphone, Dave décroche un job dans une société dans laquelle il se trouve même une petite amie... qui va se servir de lui pour détourner des fonds et le faire accuser ! Quant à Andrew, il se retrouve injustement accusé de coups et d’attouchement sexuels sur une fillette. Pour couronner le tout, les deux amis sont sur le point d’être expulsés de leur maison située entre deux branches d’autoroute. Au bord de la crise de nerf et même du suicide, tout à coup, ils quittent la réalité et se retrouvent dans un monde où plus rien n’existe à part leur maison et eux-mêmes...
Les fans de la vieille série La Quatrième Dimension (The Twilight Zone) se souviendront peut être de cet épisode dans lequel un modeste employé de banque harcelé par son employeur et son épouse voit son rêve se réaliser en se retrouvant seul au monde après une guerre nucléaire.
L’idée de départ du scénario de Nothing est à peu de choses près la même, avec ces deux amis au bord de la rupture, dans un monde auquel ils semblent totalement inadaptés et qui est sur le point de les broyer, et qui se retrouvent soudain dans un monde, un univers, dans lequel il n’ y a rien, ni ciel , ni terre, ni quoi que ce soit. Il n’y a plus ni jour ni nuit, juste du blanc...
Visuellement, c’est évidemment original et surprenant. Et avec un tel sujet, on s’attend à ce que le film, même si c’est une comédie, aborde des thèmes philosophiques à la manière d’un conte ou d’une fable. On se prend donc à écouter avec attention les dialogues, à la recherche d’un message que le réalisateur chercherait à faire passer. Malheureusement, ces thèmes ne sont qu’effleurés par le film. Il y est question de Dieu, d’univers virtuels et de réalité, d’entités qui en observent d’autres qui en observent d’autres qui en observent d’autres (un thème très SF), de psychanalyse. Et peut-être s’agit-il finalement de cela, Vincenzo Natali et son Ami Dave Hewlett réglant dans ce film quelques comptes avec leur enfance et leur passé, ce qui évidemment ne présente aucun intérêt pour le spectateur !
Ce que le spectateur pourra retenir en revanche, c’est que même si l’être humain, en tant qu’individu, avait soudain le pouvoir de se débarrasser de tout ce qui le dérange... il ne trouverait pas davantage le bonheur. Et que le bonheur ne se trouve pas dans le fantasme, dans le refus de la réalité, que ce soit le rêve ou le virtuel. Il retiendra aussi que, comme disait Sartre, "l’enfer c’est les autres", même si "les autres" se résume à son meilleur ami, qui finit par devenir son meilleur ennemi, dans un final assez cauchemardesque... Mais en dépit des quelques images situées après le générique de fin qui nous montrent les deux amis dix ans après, le film manque cruellement d’une véritable conclusion qui lui donnerait un sens.
Vincenzo Natali avait-il "fumé la moquette" pour réaliser ce film qui emprunte beaucoup aux Monty Pythons ? Peu importe. Ce qui est certain, c’est qu’il fallait un sacré caractère (et une sacrée paire de c....), après avoir réalisé Cube et Cypher, pour prendre un tel risque avec un film aussi personnel et atypique.
Il ne s’agit donc pas ici de dénigrer ce film ou de le recommander. Il est trop particulier ou trop "segmentant" pour cela. Ce n’est sans douite pas un film destiné au grand public, ni même aux amateurs de SF. Mais pour ceux qui ont apprécié d’autres films de Vincenzo Natali, ce serait dommage de passer à côté de Nothing !
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