Coeur Perdu en Atlantide (Hearts in Atlantis)
Ce film a-t-il sa place sur ce site ? Ceux qui vont le découvrir sans connaître l’univers de Stephen King pourront en douter, tant l’élément fantastique est mince ... Et ceux qui sont familiers avec la cycle de la Tour Sombre seront heureux de retrouver le fameux Ted Brautigan. Mais l’essentiel ne serait-il pas ailleurs ?
Les producteurs de Coeur Perdu en Atlantide n’ont retenu qu’une seule des nouvelles qui formaient le roman initial de Stephen King (les nouvelles étant reliées entre elles, on peut en effet parler de roman) : la plus longue, et la seule contenant un élément fantastique, avec la présence de Ted Brautigan.
Cela permet d’entretenir l’illusion que Coeurs Perdus en Atlantide serait un film fantastique ... alors que le thème du roman est clairement la nostalgie d’une époque et d’une période de la vie de l’auteur, l’apparition de Ted Brautigan étant plus un clin d’oeil à ce que King considère comme son oeuvre maîtresse (le cycle de La Tour Sombre) qu’autre chose.
Cela dit, on ne peut pas dire que le film trahisse la pensée de Stephen King. Les amateurs d’effets spéciaux et de spectaculaire, ainsi que les fans d’Hannibal Lecter, en seront pour leurs frais : il n’y a rien de tout cela dans Coeurs Perdus en Atlantide ! Anthony Hopkins, toujours aussi génial, est un gentil vieux bonhomme qui se lie d’amitié avec un jeune garçon dont le père (un joueur invétéré) est mort et dont la mère un peu superficielle tente difficilement et maladroitement de l’élever, rejetant toutes les fautes sur le père disparu, et consacrant l’essentiel de ses faibles ressources dans l’achat de robes... alors que le pauvre Bobby, lui, rêve d’avoir son premier vélo...
Il y a donc dans ce film beaucoup plus de mélodrame que de fantastique... même si les fans de la Tour Sombre savent à quel point les pouvoirs de Brautigan peuvent être puissants, il n’y en a aucune démonstration ici.
On retrouve dans ce film (comme dans le roman) de nombreux éléments qui laissent à penser qu’il y a un côté nettement autobiographique... le symbole du vélo (après le fameux "Silver" de Ca), le personnage récurrent du vilain chef de bande à moitié homophobe et à moitié homophile ...
Et côté bande son, on joue à fond la carte de la nostalgie avec les principaux standards de l’époque. Cela n’a rien d’original, mais c’est toujours efficace !
Un bon film, donc, pour ceux qui ont envie d’approfondir leurs connaissances de l’oeuvre du King !
Pour ceux qui voudraient découvrir Ca, je recommande vivement la lecture du roman, plutôt que le film, qui n’est vraiment pas à la hauteur de ce chef d’oeuvre de Stephen King !