L’Autre (The Other)
Dans les années 30, au fin fond du Connecticut, la vie s’écoule paisiblement dans la ferme des Perry. Ada, la grand-mère russe un peu fantasque veille sur Niles jeune garçon de 9 ans qui se laisse entraîner dans les jeux téméraires de son frêre jumeau Holland. Mais la vie paisible de cette "petite maison dans la prairie" va bientôt sombrer dans le cauchemar...
La représentation nostalgique de l’Enfance et à la perte de l’innocence est très bien rendue dans ce film de Robert Mulligan (réalisateur assez méconnu des années 70)
Tandis que le film s’écoule lentement, comme l’été brûlant et les jeux des jumeaux, un sentiment étrange de malaise s’installe cependant dès les premières scênes.
On comprend bien vite que les jumeaux, deux adorables bambins aux regards pleins de douceur, partagent un lourd secret. Ainsi le bruit qui résonne dans la mystèrieuse boite en fer à laquelle Niles, l’un des jumeaux, se cramponne pendant tout le film n’est surement pas le bruit d’une bille de terre ! Je vous laisse découvrir...
Le calme des après-midi ensoleillés, le chant lancinant des oiseaux, le bleu azur du ciel et la musique envoutante de Jerry Goldsmith (L’ Age de cristal 1976, The Omen 1977, Les évadés de la planête des singes 1971) renforce l’idée de douceur liée à l’enfance : les joies des parties de cache-cache, le vol de pots de confiture, la grange et ses recoins protecteurs...
C’est cette particularité du film de Robert Mulligan qui en fait un chef-d’oeuvre du cinéma d’horreur : dans une lenteur presque agacante, il montre le quotidien d’un tueur en série de 9 ans !
On découvre très lentement voir sereinement (comme le sont Niles et son frêre) les "accidents" qui vont se produire.
D’abord un rat blanc est "accidentellement" étouffé par Holland sous le regard interrogateur de son frêre, puis tout bascule : c’est le cousin qui tombe sur une fourche, la mère des jumeaux subira elle aussi un terrible accident, le père, lui, est mort (sans que l’on apprenne comment) avant que ne commence le film, un nouveau-né connaîtra lui aussi une triste fin, jusqu’à la mort horrible de Ada la grand-mère russe un peu sorcière. A noter que la scêne de la mort d’Ada fait penser à "Carrie" de Brian De Palma : la mêre de Carrie est elle-aussi vêtue d’une longue chemise de nuit blanche, portant de longs cheveux roux. Elle veut entraîner Carrie avec elle dans les flammes qui ravagent leur maison, tout comme Ada veut enfermer les jumeaux dans la grange en feu afin d’expier leurs pêchés.
L’Autre est un film éprouvant. Les regards tout en douceur et interrogatifs, les non-dits des jumeaux deviennent terrifiants quand on découvre la vérité. Il n’y a point de Diable réincarné ici, comme c’est le cas dans "The Omen", mais la terrible représentation de la schizophrénie propre à l’enfance quand l’innocence lutte contre la violence des déceptions, du désir naissant ou de l’acceptation de la mort d’un proche. C’est la liberté des sentiments chers à l’enfance qui refuse de se plier aux lois des adultes.
Un film à (re)découvrir au plus vite !
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