Mulengro (A Romany Tale)
Au Canada comme ailleurs, les gitans sont passés maîtres dans l’art de passer inaperçus, en restant en marge de la société. Jusqu’au jour où une série de meurtres aussi étranges qu’horibles semble s’acharner sur leur communauté. Briggs et Will, deux officiers de la police d’Ottawa, commencent à enquêter et tentent de trouver une explication rationnelle à ces meurtres commis avec une violence insensée. Mais pour Janfri, un gitan presque devenu "gadjo" et rejeté par les siens, comme pour Ola la sorcière, il ne s’agit pas d’un tueur en série comme les autres. Pour eux, il s’agit d’un démon qui a décidé de s’en prendre aux gitans afin de rendre à leur race son ancienne pureté. Un démon qu’ils nomment Mulengro...
Peu connu et peu traduit en France, Charles de Lint est pourtant un auteur fantastique reconnu, dont les romans sont assez proches de ceux d’un certain Richard Matheson, par leur contenu horrifique et par l’inspiration empruntée aux mythes et légendes du monde entier.
Cette fois, il s’agit des gitans et de leur sorcellerie supposée... mais l’auteur ne se contente pas de cela, va bien au delà pour nous plonger réellement dans le quotidien et la culture de cette population, ou du moins de sa partie qui a traversé l’atlantique pour s’installer en amérique du nord. Et dans ce domaine, il va assez loin et finit même par nous familiariser avec des termes empruntés à la culture gitane (ou tzigane, ou rom).
Cet aspect-là du roman, finalement assez ambitieux par son aspect sociologique, s’avère plutôt passionnant, tout comme sa fin qui, dans un tout autre registre, distille un bon suspense et une bonne dose d’action, qui feraient sans doute un bon film, si le roman était un jour adapté au cinéma.
Malheureusement, Mulengro n’est pas exempt de quelques défauts, notamment de quelques longueurs, car on a un peu de mal, dans la première partie du roman, à en arriver à l’essentiel. La principale raison à cela tient sans doute au trop grand nombre de personnages : deux policiers, plusieurs gitans, une sorcière et son ami ainsi que deux frères qui s’en prennent à eux, un ermite qui va les accueillir lorsqu’ils seront en fuite, un chat doté de la parole (si, si !)... sans que jamais que l’un d’eux sorte du lot en tant que personnage principal du roman. Du coup, le lecteur a un peu de mal à s’identifier à l’un d’eux, et à réellement s’immerger dans le roman, ce qui s’avère un peu pénalisant au niveau du suspense...
Plus de quatre cent pages (dans la version Presses Pocket), c’est beaucoup et cela demande un talent dont Charles de Lint ne fait preuve que par moments, mais malheureusement pas tout au long de son roman. Il faut lui reconnaître le mérite d’avoir développé un bon scénario, mais malheureusement sans parvenir à réellement accrocher et embarquer le lecteur.