Dracula
C’est évident, avec le recul, au niveau du casting : avec des stars d’une génération déjà ancienne (Gary Oldman, Anthon Hopkins), et d’autres de la génération montante Keanu Reeves, Winona Ryder, Monica Bellucci)... c’est également le cas au niveau des choix esthétiques et des effets spéciaux, discutables mais non dénués de charme.
C’est donc un Dracula finalement assez classique que nous propose Francis Ford Coppola. Rien à voir, par exemple, avec l’esthétisme résolument "new look" d’Entretien Avec un Vampire. Rien à voir non plus avec les multiples tentatives précédentes pour relancer le mythe au moyen de scénarii plus ou moins alambiqués, plus ou moins farfelus ...
Le scénario est fidèle à celui de Bram Stoker. Et on retrouve donc dans ce Dracula tous les clichés du genre : les morsures, la lente transformation des victimes, l’érotisme (plus développé dans l’oeuvre de Coppola, mais c’est sans doute l’époque qui veut ça), la capacité des vampires à se transformer, le pouvoir des croix et de la lumière du jour... pas de surprise à ce niveau là.
La surprise se situe davantage au niveau des choix esthétiques et des effets spéciaux. Rien de révolutionnaire à ce niveau dans ce Dracula, alors qu’à l’évidence les moyens mis à la disposition du réalisateur lui auraient permis de se démarquer des Dracula précédents.
Mais il semble qu’il ait décidé de rester fidèle à l’image traditionnelle des vampires ... et même si certains choix (celui de la coiffe de Dracula "à la Mickey" au début du film, ainsi que l’utilisation de filtres de couleur assez outranciers par moments, ainsi que des effets d’ombre ou encore de simple superpositions) peuvent sembler curieux, le résulat final est un Dracula pas tout à fait classique ... mais pas non plus un Dracula résolument moderne : un Dracula de transition.
Avec Coppola, au delà de l’aspect visuel, Dracula sort de son ghetto de film d’horreur à petit budget ! La qualité des décors, de la bande son, et des costumes, l’interprétation par un casting de rêve, sont autant d’éléments qui font de ce film une véritable superproduction, à des années-lumière des films de série B de la Hammer avec Christopher Lee !
Et c’est précisément là qu’on se rend compte de la richesse et de la profondeur du Dracula de Bram Stoker, écrit il y a 110 ans ... On retrouve dans le film de Coppola la dimension humaine du vampire, trop souvent décrit comme une créature froide, cynique et sans âme. Car ce Dracula est certes un guerrier sans pitié, mais aussi une victime, qui a eu le coeur brisé, et qui finit par retomber amoureux, quelques siècles plus tard... Et on a finalement du mal à prendre parti en faveur d’un Van Helsing apparement un peu illuminé, parfaitement interprèté (comme toujours) par Anthony Hopkins.
Quant aux femmes, le moins qu’on puisse dire est qu’ elles ne sortent pas grandies du film, relativement misogyne (ce qui peut toutefois s’expliquer, le roman ayant été écrit en 1897).
Le seul personnage qui tire son épingle du jeu est donc celui de Jonathan harker, alias Keanu Reeves !
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