La Mouche (The Fly)
David Cronenberg n’en était pas à son coup d’essai en matière de mutations étranges et de transformations diverses avec La Mouche, puisqu’il avait déjà réalisé Frissons, Rage, Chromosome 3 et surtout Vidéodrome, quatre film utilisant à des degrés divers ce thème. Toutefois, avec La Mouche, il touche le grand public et confirme une notoriété déjà bien établie avec Scanners et Dead Zone.
Même si La Mouche est le remake d’un film de 1958, La Mouche Noire de Kurt Neumann, le moins qu’on puisse dire est que David Cronenberg a apporté au scénario initial sa touche personnelle ...
Seth Brundle (Jeff Goldblum, formidable dans ce rôle) est un jeune scientifique de génie qui travaille sur un projet de téléportation. Alors qu’il touche au but, il décide de tester son appareil sur un sujet humain : lui-même. Tout se passe bien, l’expérience est une réussite. Mais malheureusement, une mouche s’est glissée avec lui dans l’appareil. Au cours de la téléportation, les deux ADN se combinent et rapidement, Seth Brundle commence à changer ...
Ce film fait partie de ceux qui ont marqué les années 80 et les spectateurs qui l’ont découvert à l’époque se souviennent encore de "Brundlemouche" et des effets spéciaux saisissants du film. Outre le prix spécial du jury du Festival du Film Fantastique d’Avoriaz en 1987, La Mouche a d’ailleurs remporté la même année l’Oscar des meilleurs maquillages.
Trop souvent catalogué dans les films d’horreur, La Mouche est un véritable film de Science Fiction soulevant de nombreuses questions, et pouvant faire l’objet de différentes interprétations. Certains y ont vu une métaphore sur le SIDA ou le cancer, d’autres une réflexion sur la nature humaine ... Il est vrai que Seth Brundle passe par toutes les différentes phases que connaissent généralement les grands malades, jusqu’à son acceptation, et que sa personnalité évolue, au fur et à mesure de sa transformation, alors qu’il perd peu à peu son humanité, devenant de plus en plus cruel et insensible.
Il y a certes un peu de tout cela dans le film de Cronenberg... mais sans que cela soit le thème principal du film et surtout sans que cela l’alourdisse, ce qui est l’essentiel. Comme souvent, Cronenberg explore les méandres de la transformation de la chair ... et comme toujours avec lui, cela devient un spectacle fascinant, et même émouvant, car La Mouche est aussi une histoire d’amour impossible (Geena Davis est remarquable), à la façon de La Belle et la Bête.
De la SF, de bons effets spéciaux, de l’action spectaculaire, de l’horreur aussi, de l’amour et aussi beaucoup de talent, qu’il s’agisse des acteurs ou du réalisateur, un scénario intelligent : aucune hésitation, La Mouche fait partie du Best Of !
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Le film pose aussi une question certes purement théorique en l’état actuel de la science, mais passionnante : celle de la conscience et/ou de l’âme, dans le processus de téléportation. En clair si une décomposition / recomposition purement physique, atome par atome, permet de reconstituer un individu parfaitement à l’identique, cela n’implique-t-il pas que l’âme, généralement considérée comme immatérielle, n’existe pas ? Car dans le cas contraire, l’individu reconstitué après téléportation serait sans conscience, ou sans âme ...