Wolfen
Son histoire est elle aussi très originale : un riche homme d’affaires et sa femme sont retrouvés massacrés dans un parc de Manhattan. Dewey Wilson, un inspecteur de police (l’impeccable Albert Finney) et une psychologue vont mener l’enquête. Bientôt d’autres corps vont être découverts dans le Bronx. Cette fois-çi ce sont des clochards. Seuls les blessures similaires sur chacun des corps vont relier les deux affaires. L’enquête va prendre une tournure surréaliste quand des poils de loups vont être retrouvés sur les cadavres déchiquetés...
Dès le générique, on est plongé dans une atmosphère étrange avec la musique "sublime" de James Horner (Star Trek 2, Brainstorm, Aliens 2, etc... et bien sûr Titanic), accentuée par les magnifiques images de descendants d’indiens se tenant graves et silencieux au sommet du pont de Brooklyn, dominant un New York crépusculaire. Le contraste est saisissant : une poignée d’hommes (indiens, hommes respectueux de la nature) faisant face au Wall Trade Center symbole du capitalisme outrancier des années 80.
Les images qui suivent nous donnent une vision d’un New York d’Apocalypse : des quartiers laissés à l’abandon, des églises en ruines. On pense aux dernières images de La Planète des Singes de Franklin J. Schaffner, quand Charlton Heston découvre sur une plage, les vestiges de New York. Très vite, les spectateurs de l’époque qui croyaient voir un film de loup-garou comprennent que Wolfen allait être bien plus exigeant.
Wolfen est un film ambitieux par sa mise en scène efficace et par ses effets spéciaux ingénieux, qui amènent peu à peu le spectateur à se sentir "concerné" par ce qu’on lui montre. Comme le policier, homme désabusé et distant, on découvre une réalité divergente à mesure que les repères s’effritent pour laisser place aux doutes.
Eddie Holt, un personnage étrange et ambïgue va finir par briser les repères du policier (et du spectateur). Edward James Olmos (Blade Runner) incarne Eddie, le descendant d’un indien. Il est un peu le guide du policier sur le chemin de la "vérité". A noter la performance d’acteur d’Eward James Olmos dans une très belle scène où il entre en transe (lycantropie ?) par une nuit de pleine lune, et ce, sans effets spéciaux ! Eddie annoncera d’ailleurs au policier : "Tout est dans la tête !"
La force de Wolfen, c’est d’avoir adopté la vision du "tueur" grâce au principe de la steady-cam qui rappelle alors le pas fluide et lèger d’un animal. Le spectateur se met (malgré lui) à sa place : il voit à travers son regard, il est à sa "hauteur" ! Quand c’est le "tueur" qui observe, les couleurs changent grâce à un très bon procèdé optique. Les voix humaines sont transformées et deviennent inquiètantes voire menacantes. Ces differents effets (simples pour 2008 mais toujours efficaces) montrent une autre réalité : celle du "tueur". Malgré les massacres perpétrés au début du film, le spectateur bascule peu à peu du côté du "coupable" tant la mise en scêne et les effets spéciaux sont réussis. Et quand ce "tueur" fait face aux policiers (et au spectateur) on ressent un tel frisson tant son regard est puissant et magnétique ! Suspense...
Alors Wolfen est-il un film fantastique ? OUI ! C’est un film d’une beauté onirique : jusqu’à la fin du film, on ne sait plus où se situe la réalité. On ne sait pas si des indiens se sont réincarnés dans une meute de loups règnant sur les vestiges d’une humanité en déclin. La nature a-t’elle uni ses dernières forces (loups et indiens) pour se réapproprier ses droits ? Dans la scène finale, le policier Wilson finira par comprendre et voir...
Mais Wolfen a cette force de laisser le spectateur voir ce qu’il veut. Ainsi les dernières images du film nous ramènent au sommet du pont de Brooklyn où deux indiens semblent attendre le moment où leur "réalité" deviendra celle de tous les hommes.
A vous de décider...
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