Ca démarre fort et sans perte de temps. Une jeune et charmante naufragée répondant au prénom de Dwan (ou Duane) est récupérée à bord d’un pétrolier qui se dirige vers une île supposée abriter un formidable gisement de pétrole (tellement formidable qu’on envoie un pétrolier avant même que les forages aient débuté) ... Mais un jeune zoologue qui s’est embarqué clandestinement à bord avertit l’équipage : il y a sur cette île un animal extraordinaire.

A partir de là ... on connaît la suite, car qui n’a jamais entendu parler de King Kong ? Cela dit, le grand singe ne doit pas son immense notoriété à ce film plutôt terne qui tente vainement d’innover en remplaçant Ann Darrow et Jack Driscoll le marin par Dwan (on ne connaît pas son nom de famille ...) et Jack Prescott le zoologue, en remplaçant un dinosaure par un serpent géant, en remplaçant un réalisateur de cinéma par un responsable de société pétrolière et en rajoutant une scène avec le primate emprisonné dans la cale du pétrolier au cours du voyage de retour (qui sera reprise ulétrieurement par Spielberg dans Jurassic Park 2) ! Ca ou rien ...

On s’attendait aussi, évidemment car 40 ans plus tard, à des effets spéciaux plus réussis, des scènes plus spectaculaires... mais de ce point de vue là non plus, le film de John Guillermin n’est pas une réussite. Le singe est un peu plus grand, semble-t-il ... mais sur les plans larges, les "animatroniques" ne sont guère supérieures aux effets spéciaux de 1933, le fond étant touché au moment de la scène de combat avec le serpent géant.

Quant au personnage de Dwan ... là, c’est un mystère ! Fallait-il réellement la rendre aussi superficielle et stupide ? Est-ce la conception d’une femme sexy selon John Guillermin ? Ou bien avait-il un compte à régler avec les blondes ? A ce point là, c’est quand même surprenant ...

Heureusement, ce remake comporte quelques points positifs. Son casting, tout d’abord. En dépit de la personnalité agaçante de son personnage, voir Jessica Lange à l’écran est un véritable plaisir. Et Jeff Bridges est crédible en zoologue hippie / écolo barbu et aux cheveux longs (on le reconnaît à peine). On a même la surprise d’apercevoir John Agar (Tarantula, La Revanche de la Créature, Le Cerveau de la Planète Arous) dans un petit rôle... et de découvrir René Auberjonois quelques années avant ses début en Odo dans Star Trek Deep Space Nine !

Il faut également mentionner un apport important au myhte de King Kong : la relation entre Dwan et le singe. Dans le film de 1933, celle-ci était terrorisée par le singe, en dépit de l’affection que celui-ci lui vouait, alors que dans le film de John Guillermin, cette affection est réciproque, ce qui n’est pas sans rappeler le thème de La Belle et la Bête.

Enfin, John Guillermin a eu la bonne idée de faire appel à un acteur humain pour jouer le rôle du singe, pour les plans rapprochés et notamment les gros plans sur le visage de la bête, ce qui lui donne incontestablement un aspect plus humain...

Du coup, l’émotion passe, la magie fonctionne et il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas ressentir de la pitié et de la tristesse pour cette malheureuse bête charcutée à la mitrailleuse qui finit par s’écraser sur le bitume new-yorkais et dont les battements du coeur s’éteignent peu à peu...

Est-ce suffisant pour recommander ce film ? Franchement, même s’il n’est pas dénué d’intérêt, mieux vaut voir l’original et le spectaculaire (mais émouvant lui aussi) King Kong de Peter Jackson !

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